Adhérer au tri Salomon a permis d’alléger l’activité nocturne des MG sur le territoire du Cercle médical du Condroz. Mais mettre en place un PMG irait plus loin dans les retombées positives pour les conditions d’exercice, à commencer par une réduction de la récurrence. Et si collaborer intelligemment avec les urgences est une chose, devoir s’y adosser en est une autre…
Dans l’interview récemment donnée à Medi-Sphere (n°499, 26 novembre 2015) dans le cadre de la crise PMG, la fédération hospitalière Santhea, par la voix de son directeur général adjoint Michel Mahaux, a salué les coûts moindres associés à un rapprochement avec les hôpitaux, tel que pratiqué par le Condroz qui a adhéré au tri dit Salomon, organisé au départ du CHU de Liège. Pour toute clarté, le président du cercle concerné, le Cercle médical du Condroz (CMC), le Dr Benoît Didier, nous précise que l’exemple ne lui paraît pas des plus appropriés pour une comparaison avec d’autres régions. «Le Condroz n'a pas de PMG et les subsides Inami couvrent uniquement le financement du tri Salomon et les frais de déplacements durant les gardes dans une grande zone rurale.»
Cet écrémage des appels téléphoniques à la médecine générale durant la nuit est perçu favorablement. Il est synonyme d’ «une diminution de la charge de travail nocturne et (d’) une augmentation de la sécurité durant les nuits de semaine et de week-end», résume le président. «Mais, poursuit-il, le système ne permet pas d'atteindre les autres objectifs de la mise en place d’un poste et d'une collaboration pertinente avec les services d'urgence, à savoir: une diminution de la récurrence des gardes (c’est le critère principal d’après moi), un honoraire décent pour les médecins de garde surtout la nuit, une diminution du travail administratif et organisationnel durant les gardes (téléphone, agenda des rendez-vous, tiers payant...).» Dès lors, le CMC est, dit-il, «toujours en discussion avec les cercles voisins pour la mise en place d'un PMG au moins pendant les journées de week-end».
«Trop de MG mobilisés»
Benoît Didier explique être d’avis, en ce qui concerne les nuits, d’élargir les zones de garde de sorte à abaisser au maximum le nombre de MG mobilisés. Les statistiques émanant du tri Salomon indiquent, rapporte-t-il, «que pour les nuits, il y a vraiment beaucoup trop de généralistes de garde». Mais il admet qu’il demeure des réticences, face à ce scénario, parmi ses confrères.
D’après lui, des pistes d’avenir sont d’une part une bonne collaboration avec les services d'urgence – «ils sont souvent sous-utilisés en nuit profonde alors qu'il y a du personnel disponible», précise le Dr Didier – et de l’autre un tri professionnel des appels. Pour reprendre ses termes, cela supposera de «vaincre les mauvaises ‘habitudes’ des médecins, de la confiance envers les partenaires, et une volonté politique».
Attention à l’effet centralisation
Même s’il parle de bonne collaboration avec les urgences, le CMC se dit «tout à fait opposé» en matière d’implantation de PMG, à une quelconque obligation que le poste jouxte directement un hôpital. «Il faut laisser les cercles décider de la meilleure localisation (dans notre cas, le choix se base sur plusieurs propositions de localisation par un bureau d'urbanisme et d'aménagement du territoire)», précise Benoît Didier. «La médecine générale, c'est la médecine qui est proche des gens, dans leur milieu de vie. Adosser les PMG aux hôpitaux, c'est le signe d'une centralisation et cela peut encore nuire à l'image de la profession.»