En 2024, le fonctionnaire fédéral a manqué en moyenne 18,2 jours de travail, un record historique et presque quatre jours de plus qu'en 2015, écrivent L'Echo et De Tijd vendredi.
Selon le dernier rapport de Medex, le service médical chargé de surveiller les absences dans l'administration, la moyenne des absences monte même à 25 jours si l'on considère uniquement le personnel ayant été malade pendant au moins une journée.
Seule la période de la pandémie de covid, avec ses quarantaines obligatoires en cas de contamination, a donné lieu à des chiffres d'absence plus élevés.
Les fonctionnaires fédéraux sont de plus en plus souvent absents, en raison de stress ou de troubles psychologiques. L'an dernier, cela concernait près de 45% des jours d'absence pour maladie, contre environ un tiers en 2015.
Dans une réaction, la ministre fédérale de la Fonction publique Vanessa Matz (Les Engagés) assure s'investir dans le bien-être au travail des fonctionnaires fédéraux.
L'accent est notamment mis sur la prévention du stress et du burn-out ainsi que sur le renforcement d'un environnement de travail sain via Empreva, le service commun de prévention au travail au sein de l'administration fédérale, selon elle.
La ministre ajoute que des formations sont par ailleurs organisées afin de rendre les collaborateurs plus résilients.
De plus, dans le cadre des efforts pour réintégrer les fonctionnaires malades au travail, Mme Matz pointe aussi le lancement d'une nouvelle initiative. Un réseau d'experts en réintégration sera mis sur pied au sein de l'administration fédérale pour soutenir les actions en ce sens menées par les différents départements.
Les premiers experts certifiés devraient être à pied d'œuvre d'ici la fin de cette année, assure la ministre.
Fake news
L'Union nationale des services publics (UNSP), un syndicat qui se présente comme politiquement neutre, a qualifié de "fake news" l'information selon laquelle l'absentéisme dans la fonction fédérale a atteint un niveau record. A ses yeux, ce "raccourci trompeur" ne reflète pas la réalité du rapport 2024 publié récemment par Medex, le service médical chargé de surveiller les absences dans l'administration.
L'UNSP souligne que le taux d'absentéisme a diminué dans la fonction publique fédérale, passant de 6,71% à 6,42%, et est systématiquement inférieur à celui du secteur privé, évalué à 8,57%.
Les fonctionnaires statutaires ne sont par ailleurs pas plus absents (6,7 jours) que leurs collègues contractuels (7,0 jours), insiste le syndicat en réponse à des "insinuations" du ministre des Finances et des Pensions Jan Jambon (N-VA), selon lesquelles les fonctionnaires statutaires profiteraient de leur système actuel de quota de congés de maladie.
Quant à l'absentéisme de longue durée (plus d'un an), il a atteint, certes, des records en 2024, passant d'1,81% en 2022 à 1,9% l'an dernier (+5%), mais il est plus élevé encore dans le secteur privé (+7%). Il a, de plus, touché proportionnellement plus de fonctionnaires contractuels (1%) que de statutaires (0,7%), martèle l'UNSP.
Les maladies psychiques liées au stress (burn-out, dépression, anxiété?) représentent désormais 43,7% de la durée totale d'absence, contre 27,7% en 2010. Une progression constante qui est alarmante et traduit un déséquilibre croissant entre la charge de travail et les ressources disponibles, qui reste sans réponse politique et managériale, s'inquiète le syndicat.
"Plutôt que d'interroger les causes profondes - surcharge de travail, sous-effectifs, manque de moyens, pratiques managériales inadaptées -, le débat se focalise sur la "responsabilité individuelle" des agents", regrette l'organisation. Elle déplore que l'on n'aborde jamais les conditions de travail. Or "les réductions budgétaires et d'effectifs successives ont pourtant rendu la situation intenable", fustige-t-elle.
"À force de devoir "faire plus avec moins", les agents craquent, sans reconnaissance", résume l'UNSP, estimant que "les attaques systématiques" du gouvernement actuel à l'égard des fonctionnaires ne font qu'empirer la situation.
"Oui, l'absentéisme a un coût économique. Mais le véritable coût de l'absentéisme est humain : derrière chaque chiffre se trouve un agent en détresse, victime d'un système sous tension, de décisions politiques aveugles et d'un management impuissant et trop souvent défaillant. Les discours culpabilisants ne résoudront pas le problème?; une politique de prévention et de soutien doit être mise en place de toute urgence", conclut le syndicat.








