Une maison médicale de Charleroi a contacté des patients dont les allocations de chômage arrivent à échéance pour leur proposer une consultation téléphonique, une initiative jugée non déontologique par certains élus. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a annoncé l’ouverture d’une enquête lors d’un échange à la Chambre.
Une lettre envoyée par le Centre de santé La Chenevière, à Charleroi, à des patients proches de la fin de leurs allocations de chômage soulève des questions éthiques. C’est ce qu’a dénoncé la députée Julie Taton (MR) lors d’une interpellation à la Chambre. Elle a évoqué une démarche qui pourrait « proposer via une consultation téléphonique une incapacité de travail, autrement dit, une espèce de mutuelle à vie », sur la base de données administratives plutôt que médicales.
Selon la députée, le courrier invitait des personnes non demandeuses à une évaluation médicale, ce que le Conseil de l’Ordre des médecins du Hainaut a « condamné fermement », estimant qu’il est « totalement contraire à la déontologie d’inviter des patients non demandeurs à une consultation ». Elle s’inquiète d’un glissement où « la maladie devient une porte de sortie » pour des chômeurs menacés de radiation.
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a confirmé avoir « pris connaissance du courrier adressé à plusieurs patients » et a annoncé une enquête. « Je condamne ces pratiques », a-t-il déclaré, rappelant que l’Ordre des médecins et l’Autorité de protection des données pointent « au minimum » une violation déontologique.
Le ministre met toutefois en garde contre toute stigmatisation des personnes fragilisées. « Je ne souhaite, en aucun cas, déclencher une chasse aux sorcières à l’égard des personnes qui vont perdre leur droit aux allocations de chômage », a-t-il insisté. Il rappelle que si une personne présente de « graves problèmes de santé » et répond aux critères de l’incapacité de travail, « la loi doit s’appliquer correctement ». Les mutualités et l’INAMI ont reçu pour consigne de traiter ces dossiers « avec une attention et une rigueur particulières ».
Frank Vandenbroucke regrette surtout que la situation médicale de ces patients n’ait pas été examinée plus tôt, notamment dans le cadre des trajets de retour au travail : certains auraient peut-être pu reprendre une activité « ce qui aurait pu améliorer leur état de santé ».
Julie Taton, pour sa part, souligne que « ce sont les personnes les plus fragiles, celles qui ont vraiment besoin d’aide, qui vont être pénalisées » si le système est détourné. Elle plaide pour une solidarité « juste et équilibrée » et rappelle qu’« on ne met pas tous les médecins dans le même panier ».









Derniers commentaires
Sammie Soetaert
03 novembre 2025il serait intéressant d'avoir l'avis de Mme Sofie Merckx sur le sujet.
Charles KARIGER
03 novembre 2025Les paris sont ouverts. Les copains de notre Grand Serviteur public fédéral encoureront-ils la moindre sanction ?
(Par contre, si c'est un généraliste libéral...)
Yvette BOTSON
03 novembre 2025Quand le médecin oublie son rôle de soignant et se prend pour un politicien!