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La question des « médicaments plus chers pour le patient » a été au centre d’une interpellation lors de la séance plénière de ce 23 octobre à la Chambre. La députée Natalie Eggermont (PTB/PVDA) a accusé le ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, d’augmenter le ticket modérateur des traitements hypocholestérolémiants et de fragiliser la prévention cardiovasculaire.
Natalie Eggermont a rappelé que les maladies cardiovasculaires restent, avec le cancer, la principale cause de mortalité en Belgique. Elle a dénoncé une hausse généralisée du coût des statines pour les patients, alors que le ministre avait auparavant assuré l’inverse, déclarant notamment que « pour ces personnes, il n’y aurait pas d’augmentation du ticket modérateur ». « Qu’a-t-on décidé lundi, a-t-elle demandé, une hausse sèche du prix pour tous les patients. » La députée a cité une lettre ouverte de la Ligue cardiologique belge qui craint un abandon de traitements nécessaires, affirmant : « Nous regrettons que vos mesures comportent le risque que des patients qui ont réellement besoin de statines arrêtent leur médication. Cela mènera à des événements cardiovasculaires évitables, avec des conséquences humaines et économiques. » Elle a demandé au ministre s’il comptait revenir sur la mesure.
Frank Vandenbroucke a défendu une politique de pertinence des soins et une réallocation des moyens vers les besoins prioritaires. « Nous investissons dans les soins de santé pour mieux répondre aux besoins existants, par exemple en santé mentale. Nous investissons pour pouvoir rembourser de nouveaux médicaments importants, pas pour continuer à rembourser des médicaments avec peu de valeur ajoutée », a-t-il déclaré. S’appuyant sur l’avis du Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP), il a ajouté que « le nombre d’utilisateurs de statines en prévention primaire peut, sans aucun doute, être fortement réduit, sans risque pour la santé », estimant que c’est « le signal » envoyé par le gouvernement. Il a assuré viser une meilleure protection des patients réellement confrontés à de hauts coûts.
Le ministre a en outre reproché au PTB/PVDA de servir, selon lui, les intérêts de l’industrie pharmaceutique, affirmant : « Il est incompréhensible que vous vous laissiez atteler au char de la ‘big pharma’, qui engrange de l’argent en faisant prescrire des médicaments non nécessaires ou potentiellement addictifs. » Il a cité plusieurs laboratoires en estimant qu’ils « applaudiraient » la position de la formation de gauche, avant de conclure, « nous ne faisons pas cela ».
Dans sa réplique, Natalie Eggermont a soutenu que la stratégie ministérielle toucherait aussi les patients en prévention primaire à haut risque et en prévention secondaire, pour lesquels l’efficacité des statines est démontrée. « Si vous découragez les gens de prendre des médicaments dont l’utilité est prouvée, il y aura davantage d’infarctus et d’AVC en conséquence directe de cette politique. Cela comporte un risque pour la santé publique », a-t-elle dit. Elle a également mis en cause l’impact budgétaire d’un nouveau traitement introduit récemment : « La hausse du budget ne vient pas d’un usage accru des statines, mais d’un nouveau médicament pour lequel vous avez conclu un contrat confidentiel. Un traitement classique coûte environ 100 euros par an et par patient, alors que le nouveau coûte près de 4 000 euros. Ce n’est pas aux patients de payer. »
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