Des médecins interdits d'exercer à l'étranger pratiquent en Belgique

Il n'y a jamais eu autant de médecins étrangers en activité en Belgique, mais leur contrôle fait défaut, ressort-il jeudi de l'enquête internationale "Bad Practice", menée par le quotidien belge De Tijd avec des rédactions issues de 44 pays. Des soignants qui ont perdu leur agrément dans un autre pays européen à la suite de faits graves, tels que des fautes médicales ou des violences sexuelles, peuvent ainsi encore consulter des patients en Belgique, révèle l'enquête.

Les médias ont recueilli et comparé plus de 2,5 millions de noms de médecins et autres prestataires de soins, qu'ils soient agréés ou radiés. Ils ont ainsi identifié ; des praticiens qui n'ont plus le droit d'exercer aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en France, mais qui sont enregistrés en Belgique à l'Ordre des médecins, au SPF Santé publique et à l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami).

Il s'agit de médecins généralistes et spécialistes, de dentistes et de psychothérapeutes qui ont agressé des patients, été coupables de violences sexuelles ou qui ont commis des fraudes massives à la sécurité sociale, notamment. Il a même été démontré que des soignants radiés à l'étranger exercent à l'heure actuelle en Belgique.

Le système européen d'information du marché intérieur (IMI) n'est en pratique pas utilisé de manière optimale. L'Ordre des médecins confirme qu'il n'y a pas de synchronisation entre l'infrastructure de l'IMI et sa propre liste de médecins agréés. Les signalements de l'IMI ne sont pas non plus systématiquement examinés ou appliqués.

En réponse à cette enquête, le ministre fédéral Frank Vandenbroucke (Vooruit) a appelé jeudi par communiqué à la mise en place de "mécanismes de contrôle" et à la définition "d'un cadre clair dans lequel chaque praticien peut et doit exercer". "Garantir des soins de qualité pour tout le monde et protéger à tout moment les intérêts et les droits de chaque patient, cela devrait être évident pour tout prestataire de soins dans notre pays et ailleurs - qu'il ait la nationalité belge ou d'un autre pays", a-t-il commenté.

Interrogé par Medi-Sphere et Le Spécialiste, l’Ordre des médecins se dit très concerné par cette situation mais affirme être juridiquement contraint par la législation, qui ne lui permet pas, selon ses responsables, de "juger" un médecin une seconde fois. S’il peut refuser d’inscrire un praticien condamné et radié de l’Ordre à l’étranger, il lui est difficile de le radier lorsqu’il est déjà inscrit en Belgique. Comme illustré récemment par le cas du Dr Daniel Feret, radié de l’Ordre national des médecins en France pour agression sexuelle mais toujours inscrit au Tableau de l’Ordre national des médecins en Belgique. Le Bureau de l’Ordre, qui se réunit ce jeudi, devrait aborder cette problématique et communiquer prochainement à ce sujet.

Lire aussi: L’Ordre des médecins précise ses limites de contrôle après l’enquête « Bad Practice »

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    08 octobre 2025

    Nos impôts payent plus de 50 ministères et secrétariats d'état, ainsi que 7 chambres... et cette pléthore d'administrations n'a pas été capable d'identifier et de résoudre ce problème majeur, aussi évident !?
    Surréaliste d'incompétences cumulées ...

    Ceci étant dit, notre "ville chinoise" de 12 ons de citoyens, ne trouvez-vous pas qu'elle devrait se gérer "en bon père de famille économe" avec maximum 15 ministères et 1 chambre de 100 députés !
    Si on cherche des économies, il faudrait d'abord faire cesser notre ruineuse multiplication des niveaux de pouvoir... C'est elle qui ruine le pays, il ne faudrait pas l'oublier !
    La première fonction d'un pays est de se gérer avec un juste coût... et PAS de multiplier jusqu'à l'absurde les niveaux de pouvoir, pour justifier un maximum de mandats à se répartir entre partis politiques...
    Cette multiplication empêche une bonne gestion, et laisse se développer des absurdités inadmissibles comme celle-ci !

  • Christian DELCOUR

    03 octobre 2025

    L’ordre est au courant depuis des années et rien n’a été fait, un scandale

  • Charles KARIGER

    02 octobre 2025

    Qu'en dit Mme Verlinden, la Serviteuse Publique Fédérale ?