Grippe : priorité aux vaccins renforcés pour les groupes à risque (CSS)

Le Conseil supérieur de la Santé recommande désormais en priorité les vaccins antigrippaux à haute dose et adjuvantés pour les groupes à risque, annonce l’institution dans un communiqué mercredi. Ces vaccins, déjà conseillés dans plusieurs pays européens, induisent une réponse immunitaire plus forte et protègent mieux contre les formes graves de la grippe.

La recommandation intervient après une saison grippale 2024-2025 exceptionnellement sévère en Belgique. Entre janvier et février, une activité très élevée a été constatée chez les enfants et dans les maisons de repos, dominée par le virus influenza A, suivi plus tard par le type B.

Depuis le début de l’année 2025, une surmortalité statistiquement significative a été observée pendant six semaines consécutives. Le virus de la grippe a particulièrement frappé les personnes de 85 ans et plus : 1.612 décès supplémentaires ont été recensés dans ce groupe, soit une surmortalité de 14,9 %. Chez les 65 à 84 ans, la surmortalité a été de 7,1 % avec 719 décès excédentaires. Au total, la surmortalité en Belgique a atteint 10,8 %, soit 2.561 décès de plus que prévu.

« La grippe est loin d’être bénigne, en particulier pour les personnes âgées. Au cours de la dernière saison grippale, nous avons observé les taux de surmortalité liés à la grippe les plus élevés depuis 7 ans. Près de 90 % des décès liés à l’influenza concernent des personnes de plus de 65 ans, et 6 cas de surmortalité sur 10 concernent des personnes de plus de 80 ans. Ces chiffres montrent que la grippe peut être extrêmement mortelle, que nous devons prendre ce virus au sérieux et qu’il est urgent d’en faire davantage pour protéger les groupes à risque », déclare Marc Van Ranst, professeur de virologie et d’épidémiologie à la KU Leuven.

Situation dans l’hémisphère sud

En Australie, 377.107 cas de grippe avaient déjà été enregistrés au 21 septembre 2025, soit une hausse de 10,5 % par rapport à la même période en 2024. Jusqu’au 7 juillet, 167.561 cas confirmés en laboratoire avaient été recensés au niveau national, soit une augmentation de 50 à 60 % par rapport à 2024, le chiffre le plus élevé depuis le début de la collecte de données en 1991.

« En Australie, nous avons observé durant leur hiver davantage d’hospitalisations dues aux infections respiratoires. Cela s’explique par la concomitance des épidémies de grippe, de Covid et de RSV, une situation qualifiée de triple épidémie ou de tridémie. Il est frappant de constater que les patients hospitalisés présentaient un taux de vaccination contre la grippe remarquablement bas. C’est pour nous un avertissement clair et une raison d’être vigilants vis-à-vis des personnes vulnérables. La situation dans l’hémisphère sud constitue souvent un bon indicateur de ce à quoi nous pouvons nous attendre durant notre hiver. C’est pourquoi il est crucial de se faire vacciner à temps, en particulier pour les groupes les plus vulnérables. Une bonne campagne de vaccination doit éviter que nous soyons confrontés à une pression similaire sur nos hôpitaux », ajoute le professeur Van Ranst.

Lancement de la campagne en Belgique

La campagne belge de vaccination commencera à la mi-octobre. Elle s’adresse aux personnes de 65 ans et plus, aux résidents en institution, aux patients atteints de maladies chroniques, aux femmes enceintes, aux professionnels de santé ainsi qu’à leur entourage direct. Les pharmaciens pourront de nouveau administrer un vaccin antigrippal. Selon des chiffres de l'Association pharmaceutique belge (APB) de février dernier, 78% ont participé dans tout le pays à l'effort pour l'épidémie passée.

Outre la vaccination, l’hygiène générale reste cruciale : se laver les mains, éternuer dans un mouchoir ou dans le pli du coude, et rester à la maison en cas de maladie. Toute personne présentant des symptômes est priée de porter un masque, surtout au contact de personnes vulnérables. Les enfants malades doivent absolument être tenus à l’écart des personnes fragiles et âgées. La ventilation des espaces intérieurs demeure également une mesure préventive importante.

Un taux de vaccination trop faible

En Belgique, la couverture vaccinale demeure insuffisante : 50 % des plus de 65 ans, 42 % des patients chroniques et seulement 16 % des femmes enceintes se sont fait vacciner en 2024. L’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) reste à 75 %.

« La Belgique reste ainsi loin de l’objectif fixé par l’OMS. Nous devons et pouvons faire mieux », déclare la docteure Aurore Girard, présidente de la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG). « Le vaccin réduit de pas moins de 50 % le risque de complications graves, d’hospitalisation ou de décès. Aucune autre mesure ne procure un effet protecteur aussi important. La vaccination contre la grippe sauve des vies. »

Toutefois, certains observateurs regrettent que les conditions de remboursement des vaccins « renforcés » soient elles aussi plus strictes. Contrairement aux vaccins standards, qui peuvent être prescrits par un généraliste, une sage-femme pour les femmes enceintes ou délivrés directement par un pharmacien, les formulations à haute dose et adjuvantées exigent une prescription médicale et une autorisation préalable du médecin-conseil. Cette contrainte supplémentaire pourrait freiner leur utilisation et limiter l’impact attendu de la recommandation.

En Flandre , la députée Freija Van den Driessche (Vlaams Belang) a dénoncé mardi en commission du Parlement flamand « une communication confuse » autour de la campagne antigrippale. Elle a relayé les inquiétudes de pharmaciens et de lASGB (Cartel), qui ont pointé des recommandations tardives du Conseil supérieur de la santé. Selon elle, les médecins ont prescrit massivement des vaccins renforcés pour les plus de 65 ans, alors que les officines ne disposaient pas des stocks nécessaires. Le Vlaams Apothekers Netwerk (VAN) a estimé que 150.000 doses de Fluad et 75.000 d’Efluelda étaient disponibles cette saison pour l’ensemble du marché belge, un volume jugé insuffisant face à la demande.

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