La maladie veineuse chronique (MVC), bien connue des phlébologues mais encore sous-estimée dans la pratique clinique générale, reste insuffisamment diagnostiquée malgré sa prévalence élevée en Belgique. Selon une enquête menée auprès de plus de 6 000 personnes, plus de 7 Belges sur 10 présentent des signes cliniques de MVC (1), mais moins de la moitié sont effectivement diagnostiqués.
Ce constat alarme les spécialistes, alors qu’une campagne nationale de sensibilisation lancée ce mardi entend remettre cette pathologie chronique au centre de l’attention médicale. À l’initiative du laboratoire Servier, elle mobilise patientes, professionnels de santé et personnalités médiatiques pour briser les idées reçues et promouvoir le dépistage précoce. « La MVC ne peut plus être perçue comme un simple souci esthétique », insiste le Dr Janine Quaniers, phlébologue. « Il s’agit d’une pathologie évolutive, dont les symptômes initiaux – jambes lourdes, crampes nocturnes, œdèmes – doivent être pris au sérieux. »
Une pathologie fréquente mais banalisée
L’étude pointe une méconnaissance persistante des signes précoces de la MVC, en particulier chez les patientes présentant des facteurs de risque : surcharge pondérale, profession en station debout prolongée, antécédents familiaux. La confusion fréquente entre gêne fonctionnelle et vieillissement normal retarde souvent la prise en charge. Résultat : les patient·es consultent à des stades avancés, avec parfois déjà des complications.
Dans ce contexte, les médecins généralistes jouent un rôle clé dans le repérage et l’orientation rapide vers une prise en charge adaptée. La pathologie, qui touche aussi les hommes, évolue parfois silencieusement. Si les femmes sont plus souvent diagnostiquées précocement, les hommes, eux, présentent souvent une symptomatologie plus tardive, parfois nécessitant une prise en charge plus invasive.
Corriger les idées reçues, promouvoir les bons réflexes
La campagne met également en lumière les idées fausses les plus tenaces chez les patient·es : l’absence de douleur comme signe rassurant, le caractère prétendument inévitable des récidives post-opératoires, ou encore la limitation des interventions à la période hivernale. Autant de croyances qui freinent la demande de soins.
Des mesures simples de prévention sont pourtant connues : maintien d’un poids santé, activité physique régulière, port adapté de bas de compression, vigilance lors de longs trajets ou en cas d’antécédents de thrombose. Une bonne hygiène veineuse, associée à un traitement médical (phlébotoniques, compression, éventuellement chirurgie), peut réduire significativement les symptômes et prévenir l’aggravation. « Nous devons mieux informer les patient·es dès les premiers symptômes », plaide le Dr Quaniers. « Une évaluation clinique simple permet déjà de déterminer le niveau de sévérité et de proposer une stratégie adaptée. »
Une mobilisation grand public pour un enjeu médical
Pour sensibiliser à cette pathologie chronique, la campagne s’appuie sur des témoignages de patientes et de personnalités, dont Sandrine Corman et Nathalie Meskens. Une plateforme en ligne (https://legsfirst.be/fr) propose également un test gratuit pour évaluer le risque veineux et inciter à consulter si nécessaire. « Il est temps de rendre cette maladie visible », déclare Sandrine Corman. « En partageant mon expérience, j’espère encourager les gens à écouter leurs jambes et à consulter. »
Le message de cette campagne s’adresse aussi aux prescripteurs : une MVC non traitée peut évoluer vers des complications sévères, incluant ulcères veineux et insuffisance veineuse chronique invalidante. Les médecins sont invités à intégrer le dépistage veineux dans leur pratique courante, en particulier chez les patient·es à risque.