Budget 2026: Que faut-il retenir pour la médecine générale ? (GBO)

Le Groupement belge des omnipraticiens (GBO) fait part de ses inquiétudes dans sa dernière Flash-info publiée mardi, à la suite de la validation du budget de l’assurance soins de santé 2026 par le Conseil général de l’INAMI le 20 octobre. Rejetée plus tôt par le Comité de l’assurance, cette feuille de route budgétaire impose 150 millions d’économies au seul secteur médical, un montant jugé arbitraire et disproportionné.

Alors que vont s’ouvrir les négociations du nouvel accord médico-mutualiste pour 2026-2027, les représentants de la médecine générale redoutent un manque total de marge de manœuvre pour répondre aux besoins croissants de la population et maintenir l’accessibilité aux soins conventionnés.

Une participation jugée « disproportionnée » à l’effort d’économie

Sur les 247 millions d’euros d’économies exigées auprès des prestataires de soins, 150 millions visent spécifiquement les médecins. « Alors que la médecine représente environ 32 % du poids budgétaire hors médicaments, elle assume plus de 60 % de l’effort demandé », déplore le GBO.

Le budget ayant été approuvé dans une enceinte où les prestataires de soins ne disposent pas du droit de vote, le syndicat dénonce un passage en force qui « vide de sa substance la concertation préalable » et altère la confiance indispensable au pilotage du système de santé.

Aucune marge pour de nouvelles initiatives

Le refus du gouvernement d’activer un léger relèvement du ticket modérateur d’1 euro pour les patients non BIM, mesure que le GBO soutenait afin de dégager des moyens pour améliorer l’accessibilité, entraîne selon le syndicat un cadre « fermé et insuffisant ». Dans ces conditions, la seule marge d’action restera interne au secteur : répartition sélective de l’index et recyclage de budgets dédiés à l’appropriate care.

Le GBO avertit qu’il sera difficile, dans un tel contexte, de préserver un modèle solidaire, durable et financièrement viable pour les patients comme pour les médecins.

Quelles mesures concrètes pour la médecine générale ?

Le syndicat note toutefois que la médecine générale est relativement épargnée après avoir déjà contribué au budget 2025, notamment via la suppression de la phono-consultation. Plusieurs décisions affecteront néanmoins la pratique des généralistes en 2026 :

  • Retour de la phono-consultation en garde, uniquement dans les PMG, dès le 1er janvier : son impact budgétaire sera neutre, une baisse attendue des consultations physiques venant compenser la rémunération de ces avis médicaux téléphoniques.

  • Diminution d’1 euro de l’honoraire de l’ECG, générant une économie estimée à 2,2 millions d’euros.

  • Élargissement temporaire de la différence de remboursement entre médecins accrédités et non accrédités, avant une réforme de l’accréditation prévue pour septembre 2026.

  • Restriction de prescriptions : les CT-scans de la colonne vertébrale ne seront plus remboursés lorsqu’ils sont demandés par les généralistes, avec un accès réservé aux spécialistes neurochirurgiens, rhumatologues, neurologues, orthopédistes et urgentistes. Le GBO qualifie cette mesure d’« injustifiée et vexatoire », rappelant qu’elle risque d’envoyer les patients vers les urgences.

  • Prescription et délivrance des antibiotiques à l’unité : un budget de 3,3 millions d’euros pour les pharmaciens accompagnera ce changement visant à lutter contre l’antibiorésistance et le gaspillage.

  • Hausse du ticket modérateur pour certains IPP de catégorie B, les traitements destinés à des indications sévères restant protégés.

  • Optimisation prévue de l’usage des médicaments hypocholestérolémiants : une partie d’entre eux basculera en catégorie C pour la prévention primaire sans comorbidités, avec une campagne d’information sur leur usage approprié.

Une concertation sous pression

Le GBO dit vouloir poursuivre le travail de co-construction des politiques de soins afin que « les meilleurs soins, au meilleur endroit, au meilleur moment et au prix le plus juste » demeurent la ligne directrice du système. Mais il prévient qu’« un risque réel d’absence d’accord médico-mutualiste » existe si les contraintes actuelles ne sont pas desserrées.

Le budget global de l’assurance soins de santé pour 2026 atteint 46,775 milliards d’euros, dont 40,986 milliards affectés aux remboursements de soins (+3,2 % par rapport à 2025). Le syndicat rappelle cependant que cette progression reste insuffisante pour absorber les besoins liés aux maladies chroniques, au vieillissement et aux enjeux environnementaux, alors que les médecins sont déjà « au maximum » de leur capacité.

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