Erreurs de prescription: les généralistes suisses rapportent 2 erreurs par an par MG

Deux en moyenne. C’est le nombre d’erreurs de médication (comprenez: de prescription ou de dosage) que commettent, par an, les MG suisses. Tel est le principal enseignement de travaux conduits par une équipe de l’Institut de médecine de famille de l’université de Zurich, en s’appuyant sur un réseau fédéral de médecins vigies. Un score honorable, mais les chiffres sont en toute vraisemblance plus élevés en réalité. 

Les auteurs, qui publient leurs conclusions dans le BMJ Open, ont suivi durant un an 180 médecins suisses «de premiers recours», comme on dit là-bas, 148 MG et 32 pédiatres. Le but était de cerner le type, la fréquence et la distribution saisonnière et géographique des incidents de médication dans les soins primaires. Les participants, membres du «Sentinella», le Swiss Sentinel Surveillance Network, étaient priés de rapporter les erreurs de médication qu’ils décelaient dans leur propre activité, auprès de patients qui avaient donc expérimenté un effet négatif lié à leur traitement et interférant avec son cours normal.

Ces médecins vigies, questionnés en fin d’étude sur leur assiduité à notifier, ont estimé n’avoir signalé qu’environ la moitié des incidents, soit parce que cela leur était sorti de l’esprit, soit parce que le temps leur avait manqué. Un aveu dont les chercheurs ont tenu compte pour nuancer leurs chiffres. Du reste, comme ils le soulignent, un autre biais tient au fait qu’un certain nombre d’erreurs n’ont pas de conséquences manifestes et passent donc inaperçues à la fois du patient et de son thérapeute.

Toujours est-il que, d’après leurs calculs, les généralistes suisses commettent deux erreurs de prescription ou de dosage de médicament par an, soit 46,5 pour 100.000 contacts. Le sous-groupe des pédiatres semble mieux s’en sortir encore, avec 2,8 erreurs pour 100.000 contacts.

La majorité des problèmes relèvent d’une posologie inadaptée à un patient déterminé. Un mauvais choix de médicament fait figure d’autre erreur la plus courante. La faute à qui? La personne (ou la structure) pouvant être tenue pour responsable la plus souvent citée par les participants est le médecin notifiant lui-même (à 21,5%), mais aussi l’institution où le patient est hébergé (17,3%) et l’infirmière de cabinet (13,6%). Une explication fréquemment avancée pour élucider le couac est le manque d'attention, du médecin lui-même ou du personnel. Etait-il possible de prévenir ces incidents? La réponse qui l’emporte est «probablement», à 57,9%.

L’étude a révélé que les patients âgés – une population traditionnellement sujette à la polymédication – étaient proportionnellement plus concernés par les incidents de médication. D’autres facteurs ont également été associés avec ceux-ci, comme le fait d’être soigné par une infirmière en santé communautaire, d’être soigné par une institution ou de souffrir de pathologies chroniques.

Medication incidents in primary care medicine: a prospective study in the Swiss Sentinel Surveillance Network (Sentinella)

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