Exclusif: la nouvelle ministre de la Santé en Wallonie précise ses orientations

En matière de santé, les dossiers chauds ne manquent pas pour le nouveau gouvernement wallon. Dans une interview exclusive, la nouvelle ministre de la Santé et de l'Action sociale, Alda Greoli, nous précise ses orientations.

Alors que Maxime Prévot, l’ex-ministre de la Santé en Wallonie se retire au pied du Grognon à Namur avec sa ceinture de bourgmestre, la nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Alda Greoli, ne manquera pas de travail puisqu’elle gardera notamment son portefeuille à la Fédération Wallonie-Bruxelles en matière de culture et de petite enfance. Elle entre donc dans un gouvernement MR-cdH qui a aussi, entre autres, comme objectif une Wallonie sans diesel en 2030. Un signal en matière d’énergie mais aussi de santé publique. 

Sur sa table de travail, les dossiers chauds ne manquent pas: les accords sociaux dans le non-marchand (hôpitaux…), l’assurance-autonomie, les allocations familiales, la poursuite du lancement des activités de l’Agence pour une Vie de Qualité (AViQ). Rien que sur le dossier de l’assurance-autonomie pour lequel le cdH avait connu des difficultés avec le PS à la fin de leur collaboration... elle pourrait se retrouver confrontée à d’autres tensions avec le MR qui semble tenir plus au modèle flamand.

Hôpitaux: poursuivre les rapprochements

Au vu des difficultés rencontrées par les travailleurs actifs dans les secteurs sociaux et de la santé, l’accord de gouvernement prévoit un nouvel accord non-marchand et des moyens orientés vers la création d’emplois dans les secteurs où les besoins sont les plus marqués. 

Au niveau du secteur hospitalier, l’appel à projets pour la première programmation d’investissements est en route: la volonté du nouveau gouvernement est de poursuivre les rapprochements entre les structures associatives et/ou publiques en respectant la liberté d’association avec pour objectif de garantir une offre hospitalière de proximité à chaque wallon. 

Le gouvernement MR-cdH s’est également penché sur les prisons: des moyens sont prévus pour permettre un réel travail de la santé en milieu carcéral, parent pauvre de la lutte contre les inégalités sociales de santé.

Par ailleurs, des moyens d’investissements inédits seront garantis dans les structures des personnes handicapées et des appels à projets thématiques sont prévus pour les cérébrolésions, les polyhandicaps, l’autisme... Tout cela dans une offre continue de soins: services intégrés d'aide à domicile, réseau psy 107, réseau palliatifs et hôpitaux.

L'INTERVIEW

Surprise?

«Je le savais depuis mardi soir.»

Catherine Fonck, ex-ministre de la Santé, s’est dit déçue sur Twitter?

«C’est le choix du parti. Elle travaille énormément à la Chambre et les défis sont importants là-bas aussi. C’est la cohérence du président.»

Comment souhaitez-vous aborder la santé?

«Avant tout poursuivre l’excellent travail effectué par Maxime Prévot depuis le début de la législature. Les principaux chantiers sont lancés et bien avancés.»

Vous avez une spécificité?

«Il faut entreprendre une politique qui aura un réel impact sur la santé et le bien-être de la population. On doit le plus rapidement possible améliorer en profondeur la santé de la population. C’est un défi qu’il convient de prendre de manière globale dès l’école. Les parents jouent aussi un rôle important.»

Mais comment?

«Une étude récente de l’OMS a montré que quelqu’un qui est actif dans une association à 5 ans d’espérance de vie en plus. Par ailleurs, on voit l’exemple de la gratuité des soins dentaires avant 18 ans. La mesure est bonne mais on remarque qu’elle profite plus aux enfants favorisés qu’aux enfants qui en auraient le plus besoin

Vous avez une recette miracle?

«La meilleure réponse est de réduire les écarts sociaux et économiques et surtout d’axer encore plus un travail spécifique en matière de prévention. On doit penser à mieux adapter nos messages de prévention tant dans les lieux gérés par l’ONE, que dans les maisons médicales ou même sur les réseaux sociaux comme Facebook avec un message adapté, précis et rigoureux scientifiquement.»

La première ligne devra s’adapter aussi?

«Les médecins généralistes sont plus que jamais au coeur de la prévention de la santé. Leurs actes s’adaptent évidemment aux besoins de leur patient en fonction de leur âge et de leur risque en matière de santé. Le travail des médecins est indispensable en la matière. La poursuite de la réorganisation de la première ligne de soins tiendra compte de la continuité des prestations.»

Les nouvelles technologies renforceront cette politique?

«L’e-santé est sans conteste un atout en la matière. On possède des outils de prévention technologique très intéressants et qui peuvent venir en appui d’une réelle politique de santé. Des médecins et des infirmières y sont déjà sensibilisés. Nous devrons être vigilants quant à la qualité et à la pertinence de ces outils technologiques

Un regret?

«Axer un projet à notre niveau sur la prévention, c’est accepter aussi de ne pas en récolter les fruits. Le morcellement des compétences fait que nous n’avons pas toujours le retour de nos investissements.»

Votre autre grand défi sera le moratoire des maisons de repos?

«Le dossier des maisons de repos est bien avancé. Un refinancement est prévu pour les briques et les soins. Je vais à présent analyser les trajectoires budgétaires. Il faut évidemment augmenter les capacités de partenariat mais je ne suis pas pour la marchandisation des maisons de repos. Je procéderai aussi à une analyse approfondie des quotas. Ensuite, j’interviendrai sur le moratoire.»

Et pour les hôpitaux wallons, un nouvel effort?

«Les appels à projet sont lancés. Nous devrons être rigoureux dans le suivi des dossiers.»

Il vous restera des moyens pour une vraie politique de santé mentale?

«Je prévois de revoir Maggie De Block. Le débat sur le financement avec le fédéral n’est pas terminé. Nous devons pouvoir mener une politique de santé mentale qui réponde aux difficultés sociales actuelles de la population. Ce dossier retiendra toute mon attention.»

Un mot sur votre double casquette?

«Cela va être très particulier. Nous travaillons actuellement en bonne intelligence. L’objectif est d’avoir la même majorité partout, mais, s’il le faut, nous poursuivrons le travail ensemble dans l’intérêt des citoyens.»

 

> Une opinion? Une réaction? Le débat continue sur @JdS_SK ou sur @MediSphereHebdo

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.