Les directions médicales, confrontées aux intentions diverses des médecins, s’efforcent d’assurer la continuité des soins tout en tenant compte des actions prévues. Entre recensements des grévistes, mesures symboliques et appels au dialogue, les stratégies se précisent à l’approche du 7 juillet. Le Spécialiste poursuit ses coups de sonde pour prendre la température intra-muros.
À Vivalia, le Dr Alexandre Hebert, directeur général aux affaires médicales, a rencontré le 30 juin les directeurs médicaux et les présidents des quatre Conseils médicaux de l’intercommunale de santé pour faire le point sur la grève et définir une attitude commune. « La liberté de grève est évidemment laissée à l’appréciation de chacun. Plusieurs médecins sont résolus à faire grève. J’ai demandé un recensement pour le 2 juillet, parce que cette action a un impact sur les équipes soignantes et non soignantes. »
« Il est important de ne pas avoir un impact sur les patients qui attendent, parfois depuis plusieurs semaines, un rendez-vous médical. Si un médecin de Vivalia fait grève, le patient « reporté » devra avoir une consultation au maximum dans les 15 jours. »
Le 7 juillet, sur le site de Marche, des groupes de médecins vont sensibiliser la patientèle et distribuer des dépliants rédigés par les représentants des Conseils médicaux et reprenant des explications. Quelques mesures symboliques vont être prises, par exemple un retard de 15 minutes pour les visites aux soins intensifs ou en dialyse. Sur les sites de Bertrix, Arlon et Libramont, plusieurs actions symboliques vont également être menées pour manifester la non-adhésion des médecins à l’avant-projet de loi-cadre.
« On focalise beaucoup le débat sur les suppléments d’honoraires et la rémunération des médecins, or l’avant-projet contient aussi des mesures qui vont toucher les patients », souligne le Dr Hebert. « Par ailleurs, cela n’a pas de sens de s’attaquer aux suppléments d’honoraires tant que les autorités n’auront pas terminé les réformes de financement de la nomenclature. Rappelons que ces suppléments sont utilisés pour financer des services qui sont en difficulté financière. »
Le Dr Hebert voit tout de même deux intérêts à cette réforme : l’objectif de réduire les écarts de rémunération entre les différentes spécialités et la volonté de créer des incitants pour que les médecins hospitaliers continuent de travailler à l’hôpital et y effectuent des gardes. « Il faut éviter la fuite des médecins hospitaliers vers l’extrahospitalier. »
30 médecins sur 600
Au CHU Brugmann, 30 médecins sur 600 ont déclaré vouloir faire grève lundi prochain. « Lors des réunions avec les responsables de service, tout le monde s’est accordé sur l’objectif de ne pas impacter nos patients », explique Wissam Bou Sleiman, directeur général médical de l’hôpital bruxellois. « Nous allons manifester notre mécontentement sur l’avant-projet de loi, tant sur la forme — le manque total de concertation — que sur le fond. Une enquête réalisée auprès de notre Conseil médical a montré la préférence pour des actions symboliques de sensibilisation auprès des patients. Le droit de grève reste un droit fondamental que nous respectons. Mais la majorité des médecins du CHU Brugmann ne feront pas grève le 7 juillet. Entre autres parce que nous travaillons dans un hôpital universitaire public, que nous avons une patientèle particulière sur le plan sociodémographique et que nous avons des délais d’attente qui explosent pour certaines consultations et examens. La plupart des médecins ne se voyaient pas postposer les rendez-vous des patients. D’autant plus que les médecins grévistes vont devoir revoir les patients prévus le 7 juillet dans les 15 jours, ce qui est très compliqué en raison de la charge de travail déjà très lourde actuellement. » « Suite aux nombreuses prises de position des associations de médecins face à l’entêtement du ministre, est-ce que perturber les soins des patients le fera changer d’avis ? Nous avons un doute. Nous estimons que rétablir le dialogue sera plus productif », conclut le DGM. Aux dernières informations, plusieurs services de l'hôpital seraient en train de s'organiser pour participer activement à la grève.
Au CHU Helora, les services s'organisent également et reportent les rendez-vous qui seront impactés par la grève.
Au Groupe Santé CHC, la grève affectera le fonctionnement des sites hospitaliers (Hermalle, Heusy, MontLégia, Waremme) et des centres médicaux.
Afin d’assurer la continuité des soins, le CHC a mis en place une organisation qui garantit:
- la prise en charge des urgences
- les accouchements en maternité
- la poursuite des activités oncologiques et de dialyse
- les prises de sang et analyses de biologie clinique
- et bien entendu la continuité des soins aux patients hospitalisés.
"La plupart des consultations médicales et paramédicales (kinés…), examens, interventions non urgentes ont été annulés et dans ce cas de figure, les patients concernés ont été contactés directement par téléphone pour reprogrammer leur rendez-vous dans les meilleurs délais", communique l'hôpital liégeois. "Les médecins protestent à la fois contre le contenu de la réforme du financement des soins de santé et le manque de concertation du ministre fédéral de la Santé, qui portent atteinte à la médecine libérale et mettent en péril le fonctionnement des hôpitaux et la qualité des soins."
Le Centre Hospitalier Régional Sambre et Meuse (CHRSM) annonce les mesures prises pour assurer la continuité des soins lors de la grève nationale des médecins prévue ce lundi 7 juillet 2025. Le CHRSM précise que ses services fonctionneront comme lors d’un dimanche ou jour férié. Les urgences resteront ouvertes, avec des délais d’attente possibles pour les cas non urgents. Tous les patients ayant un rendez-vous médical le 7 juillet ont été contactés individuellement. Les patients hospitalisés ne sont pas concernés par la grève : les soins seront dispensés comme prévu. Les laboratoires et centres de prélèvements assureront leurs activités, et les visites restent autorisées aux horaires habituels. L’hôpital souligne son attachement au respect du droit de grève tout en veillant à la sécurité et à la qualité des soins pour ses patients.
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