Homme, jeune, célibataire, indépendant et bruxellois: le profil de celui qui ne consulte pas

Qui ne pousse jamais la porte d’un cabinet, ne se soumet à aucun examen médical, ne fréquente pas le dentiste? Les mutualités libres (MLOZ) sortent le portrait-robot de ces «non-usagers» de soins, dont la tribu constituerait 7% de leurs affiliés. Les intéressés ont tendance à reproduire ce comportement au fil des ans, au point que les MLOZ ont établi qu’un Belge sur 100 ne voit pas le moindre médecin sur cinq ans. Si c’est parce qu’il pète la forme, tant mieux. Mais dans la négative…

 

Une étude des MLOZ, décortiquant les données de leurs quelque deux millions de membres pour l’année 2010, a tenté de cerner le profil de «ceux qui ne vont pas chez le docteur». 7% de leurs affiliés n’ont pas eu la moindre dépense en santé enregistrée cette année-là. L’organisme assureur a établi le profil de ces clients à la marge. Le non-consommateur est jeune: sa moyenne d’âge est de 32 ans, contre 39 dans la population totale. Il appartient plutôt à la gent masculine, quel que soit son âge: les hommes représentent 68% des non-utilisateurs de soins alors que dans la population générale, ils sont 49%. Les célibataires sont aussi proportionnellement plus représentés (reformulé, on peut dire que le fait d’être marié augmente la probabilité de prendre soin de sa santé). Par contre, être titulaire d’une profession indépendante constitue un facteur qui fait croître le risque de ne pas se soigner: il y a 24% d’indépendants parmi les non-usagers, contre 15% seulement dans la population globale des affiliés MLOZ. Enfin, un non-utilisateur sur trois réside à Bruxelles (alors que les Bruxellois ne représentent que 20% des affiliés de l’OA).

A première vue, on pourrait se dire que les personnes qui combinent ces caractéristiques sont tout bonnement en bonne santé et n’ont donc pas besoin de consulter. Cela étant, «ces personnes ne font pas non plus de prévention remboursée: pas de visite de contrôle chez le dentiste, pas de vaccins, pas de check-up chez le gynécologue, etc. Ceci risque d’avoir un impact à long terme sur leur état de santé et les coûts des soins de santé.» Les MLOZ estiment que des campagnes de sensibilisation devraient inciter les gens à prendre encore mieux soin de leur santé au quotidien.

 

Les indépendants négligent leur santé

Les mutualités libres songent plus spécifiquement aux indépendants dont, disent-elles, «le comportement diffère de celui des salariés alors qu’ils bénéficient des mêmes remboursements pour leurs soins de santé». Diffère et perdure. Il se trouve en effet que, ayant élargi leurs travaux aux deux années ayant précédé l’année 2010 (à zéro consommation) et aux deux années l’ayant suivie – bref, la période 2008-2012 –, les MLOZ ont constaté qu’un indépendant sur trois ne consulte jamais de médecin pendant cinq années consécutives! Dégât collatéral, peut-être, du fameux adage «le temps, c’est de l’argent»…

Les chiffres sont moins alarmants en dehors de ce «tiroir professionnel» qui n’a pas une seconde à perdre, mais néanmoins intrigants: en extrapolant à la population générale, les MLOZ estiment qu’il y a un Belge sur 100 qui n’a pas consommé le moindre soin de santé remboursé sur les cinq années consécutives observées.

Est-ce une question de manque d’accessibilité financière de la médecine? Les MLOZ ont noté, dans leurs recherches sur l’année 2010, que c’était dans les communes à revenus médians faibles que l’on retrouvait le plus de non-utilisateurs de soins. Mais elles ont dénombré proportionnellement moins d’assurés BIM parmi les non-usagers (10%) que dans la population globale de leurs affilés (12%). Ce qui suggère que le statut BIM remplit son office en contribuant à améliorer l’accès aux soins de santé.

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