L’ABSyM conteste les 150 millions d’euros d’économies demandées aux médecins

Les mutualités veulent que les médecins économisent 150 millions d’euros sur leurs honoraires, comme le demande le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke. Or, selon les dernières estimations techniques, les honoraires médicaux ne devraient dépasser leur budget en 2025 que de 31 millions d’euros, ramenés à 21,263 millions après prise en compte des montants réservés. L’ABSyM s’interroge sur la disproportion de l’effort demandé.

« Nous négocions actuellement avec les mutualités », explique le professeur Stan Politis, co-négociateur pour l’ABSyM. « En tant que médecins, nous sommes disposés à prendre notre part dans la recherche des économies nécessaires. Mais quand il faut que tout le monde se mobilise, il est normal que chacun saisisse une rame et participe. »

Dans sa lettre de mission, M. Vandenbroucke a demandé aux médecins de réaliser 150 millions d’euros d’économies. Les mutualités ont presque automatiquement traduit cette exigence en une liste de mesures visant à réduire d’autant les honoraires médicaux.

M. Politis rappelle que les médecins se sont déjà vu imposer 62,2 millions d’euros d’économies à partir du 1er janvier 2026. « C’est désormais un supplément qui vient s’ajouter. Les médecins sont prêts à prendre une partie des efforts à leur charge, même plus de la moitié des 150 millions demandés. Mais pour le reste, il faudra aussi aborder certains tabous, tant du côté des mutualités que du ministre. »

Les estimations du 17 septembre 2025 montrent que les honoraires médicaux devraient dépasser en 2025 de 31 millions d’euros la trajectoire fixée. En tenant compte des montants réservés pour des mesures encore en cours d’exécution, le dépassement réel ne serait que de 21,263 millions, soit 0,18 % d’un budget total de 11,6 milliards d’euros.

« Comparez cela aux maisons médicales : elles ont dépensé 15,386 millions de plus que prévu sur un budget de 388,6 millions. Cela représente un dépassement de 3,96 %. Et pourtant, dans la note d’économies des mutualités, elles sont totalement épargnées », souligne M. Politis.

Ces structures emploient elles aussi des médecins. « Si l’on conclut des accords sur les volumes et les prix, il n’est pas acceptable que les maisons médicales, qui disposent de leur propre commission de conventions, n’aient aucun effort à fournir. Nous nous demandons si des motifs idéologiques ou politiques ne sous-tendent pas cette approche sélective. »

Que des économies soient nécessaires ne fait aucun doute. « Mais le projet actuel fait peser la responsabilité principale sur un seul groupe professionnel, donnant l’impression que les médecins seraient seuls responsables de l’écart budgétaire entre les dépenses projetées et l’objectif fixé pour 2026. Cela ne reflète absolument pas la réalité. »

M. Politis évoque aussi d’autres pistes. « Il y a matière à économiser en supprimant des réglementations superflues et des structures coûteuses et inefficaces, sans nuire à la qualité des soins. On devrait également profiter de ces moments pour organiser la bonne prise en charge au bon endroit. Les mutualités savent exactement ce qu’il faudrait faire. Mais apparemment, le déficit n’est pas assez profond pour qu’on les entende. »

Le temps d’autres solutions
« La focalisation unilatérale sur les honoraires médicaux n’est pas tenable », conclut-il. « Si les économies doivent être crédibles et durables, les mutualités doivent elles aussi assumer leur responsabilité et oser s’attaquer à l’ensemble des dépassements du système, y compris ceux que l’on préfère aujourd’hui éviter. Les médecins sont prêts à contribuer à hauteur du poids que représentent leurs honoraires dans le budget global de l’assurance maladie. Mais il est temps de briser certains tabous pour réduire les coûts de manière structurelle. »

Lire aussi: "Vers une réforme qui nous coûterait plus cher que les suppléments ?" (Dr G.Bejjani)

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    06 octobre 2025

    Et quelle sera l’ « économie imposée » aux mutuelles et à l’INAMI ainsi qu’à leur personnel ?