La Belgique francophone pourrait perdre la moitié de ses généralistes en 20 ans

A politique inchangée, la Belgique francophone pourrait voir sa densité de médecins généralistes diminuer de moitié au cours des 20 prochaines années, peut-on lire lundi dans Le Soir.  Les critiques, de toutes parts, politiques et associatives, ne se sont pas fait attendre. La ministre de la Santé publique Maggie De Block estime, quant à elle, qu'il serait prématuré de tirer des conclusions allant jusqu'à 2037.

En effet selon le "scénario de base" de la Commission de planification, en 2037, la Belgique francophone ne pourra plus compter que sur la moitié de sa force de travail actuelle en médecins généralistes, soit 5,09 ETP par 10.000 habitants, pour 9,9 médecins ETP par 10.000 habitants en 2012. Pendant ce temps, la Flandre qui part de bien plus haut, glissera de 12,03 ETP par 10.000 habitants en 2012 à 7,94 ETP, soit une baisse de 34%. Ces données intègrent l'entrée dans le monde du travail des fameux étudiants francophones surnuméraires qui, de 2007 à 2015, ont échappé à toute tentative de filtre au grand dam de la Flandre, note le quotidien, qui relève les critiques de plus en plus marquées envers le système belge de planification des ressources médicales.

Le PS demande ainsi à Maggie De Block d'"arrêter de brader nos soins de santé". Cette année, 4.200 étudiants se sont inscrits pour passer l'examen d'entrée mais seuls 607 numéros Inami seront délivrés en fin de cursus pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. "Malgré les très nombreuses recommandations et demandes adressées à Maggie De Block pour revoir sa décision sur les quotas, la ministre de la Santé publique n'a pas bougé d'un iota", dénonce le parti socialiste qui souligne la "situation d'autant plus catastrophique dans les zones rurales, où dès aujourd'hui la pénurie de généralistes est av& eacute;rée".

Ecolo, pour sa part, appelle à la suppression des quotas Inami et à une planification alternative de l'offre de soins, "afin de corriger l'inadéquation entre l'offre et les besoins de la population". Les Verts ont d'ailleurs déposé une proposition de résolution en ce sens à la Chambre, demandant notamment "une évaluation territoriale des besoins en soins de santé et une planification de l'organisation des offres de soins de première ligne qui se base sur ces évaluations de terrain". "Certains étudiants belges choisissent même de terminer leur cursus dans un autre pays européen afin de revenir prester en Belgique en dehors des quotas. Sur les 1.715 médecins ayant reçu l'agrément en 2015, 23% détenaient un diplôme étranger", rappelle la députée Muriel Gerkens.

Enfin, toujours dans l'opposition, le cdH, qui parle d'une "situation surréaliste", propose en sus de renforcer l'attractivité et faciliter l'exercice de la profession, en réformant l'organisation des gardes et en mettant en place des systèmes de remplacement notamment. "Il est plus qu'urgent de mettre au placard les positionnements communautaires dans l'intérêt des patients et de la qualité de nos soins de santé, et de travailler avec les acteurs de terrain et les entités fédérées pour concrétiser des solutions fortes et durables", estime Catherine Fonck, chef de groupe cdH à la Chambre.

Quant au Comité inter-universitaire des étudiants en médecine, il dénonce "avec colère" une "situation absurde et aberrante pointée du doigt depuis plusieurs années", réitérant sa demande de révision des quotas fédéraux. "D'ici 2025 en Belgique francophone, seuls 43% des médecins partant à la pension seront remplacés, soit moins d'un médecin sur deux... si on abolit toute forme de sélection! Avec un filtre, on passe sous le seuil des 30%", note encore l'organisation.

La Ligue des usagers des services de santé (LUSS), également inquiète de cette pénurie de médecins, plaide pour une "vraie disponibilité" des médecins, en modifiant notamment les quotas en fonction des réalités du terrain et en tenant compte des différences existantes entre régions, et pour plus de transparence quant aux mesures prises ou à prendre, dans le respect de la loi relative aux droits du patient, a spécifié la directrice de la LUSS, Micky Fierens.

Maggie De Block a pour sa part répondu que le nombre de médecins était "suivi de près" et qu'il était "tenu compte des projections sur la durée des études". "La Commission de planification se charge annuellement de suivre et de répertorier le nombre de médecins. Il est bien entendu possible de l'adapter en cas de risque de déficit ou de surnombre. Les quotas ont été fixés globalement jusqu'en 2023. Il serait donc prématuré et incorrect de déjà tirer des conclusions allant jusqu'à 2037 sur la base des nombres actuels", a-t-elle ajouté par la voie de son cabinet.

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