«Plus personne ne peut vivre seul sur son île»

Pour Medi-Sphere, Maxime Prévot, qui fait sa seconde rentrée comme ministre wallon de la Santé, revient sur les chantiers qu’il mène actuellement: l’eHealth wallon, la réforme de la première ligne de soins, des MRS, du secteur hospitalier et du planning familial. Chantiers provoqués par les derniers transferts de compétences et s’inscrivant dans un contexte budgétaire serré.

Quel avenir pour le projet eHealth wallon?

Maxime Prévot: Ce projet de décret est très important médicalement et économiquement parlant, pour mieux gérer le volet financier de la santé à long terme. Dans le cadre de l’eHealth wallon, l’échange électronique de données de santé participera au continuum de soins optimal entre le domicile et l’hôpital ainsi que les structures intermédiaires de santé comme les centres de revalidation, les maisons de repos et de soins, les courts séjours en maison de repos, les centre de soins de jour… en partant bien entendu du domicile, permettant ainsi à chacun en Wallonie de vivre le plus possible dans le lieu de vie qu’il a choisi.

En quoi consiste pour le médecin le «coffre-fort» de données de santé dans le projet eHealth?

Concrètement, ce «coffre-fort» est mis à disposition des professionnels de santé pour qu’ils puissent y enregistrer les données qui devront être échangées et susceptibles de l’être à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Il s’adresse plus particulièrement aux professionnels de la santé travaillant dans leur cabinet, comme les médecins généralistes. Ils ne devront donc pas avoir un ordinateur allumé 24 heures sur 24 et équipé de toutes les mesures de sécurité informatique.

Comment allez-vous améliorer la première ligne de soins?

Il faut une plus large coordination et concertation de la première ligne de soins. J’y travaille. Avant la fin de l’année, le gouvernement wallon sera saisi d’une note sur une meilleure articulation de la première ligne de soins.

Impulseo sera aussi revu?

Le mécanisme Impulseo d’aide à l’installation des médecins généralistes nécessite des modifications. Il ne suffit pas pour amener les médecins dans les zones les plus touchées par la pénurie.

A ce jour, il n’y a pas une recette miracle pour résoudre le problème du manque de nombre de médecins. D’autant plus que la seule coercition n’est pas la solution. Je crois plutôt en un maillage de solutions.

MRS: 3.000 places par an

Des défis importants vous attendent?

On ne parle pas souvent de la santé dans l’univers carcéral… mais l’une des priorités sera l’augmentation du nombre de places dans les maisons de repos.

Pour rappel, selon le KCE, il faudrait en Belgique 3.000 nouvelles places par an!

C’est impossible évidemment avec les règles actuelles.

Peut-on réellement bousculer le secteur?

Face au défi du terrain, on n’a pas le choix. Aujourd’hui, on a un décret obsolète. Le secteur public, communal comme régional, manque de moyens pour assurer le nombre de places qui lui incombe. Le privé pourrait, par contre, intervenir dans l’augmentation de la création du nombre de places. Pour l’instant, il se heurte évidemment au quota défini. Cela n’a aucun sens. Les verrous doivent sauter en faisant des partenariats entre le public et le privé ou avec l’associatif. Le tout, à présent, sera de changer les mentalités et les textes en profondeur. Evidemment, nous resterons vigilants à tout dérèglement du secteur en matière d’accessibilité financière au logement. Des balises seront indispensables. Le texte sera déposé en décembre au gouvernement. Nous devrons aussi tenir compte de la «bonne gestion sur le terrain» des normes en vigueur.

Un exemple?

A ce jour, 2.500 lits octroyés ne sont pas encore activés, essentiellement dans le secteur public, cela ne va pas. Il faut oser débattre de cela aussi.

Les mentalités doivent-elles aussi évoluer dans le monde hospitalier?

Evidemment, quelques mandataires locaux et, dans certains cas, des médecins locaux, mettent un peu plus de temps à comprendre les enjeux du monde hospitalier moderne. Pourtant, aujourd’hui, plus personne ne peut vivre seul sur son île. La qualité et l’exigence des soins doivent être la priorité. Impossible de se contenter, dans une clinique, de trois opérations dans un domaine sur une année. J’entends toutefois que la proximité reste un atout. Les polycliniques ont, dans ce contexte, un vrai rôle à jouer.

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