La fédération UNESSA annonce dans un communiqué lundi avoir voté contre la proposition de budget soins de santé 2026 soumise aux instances de l’INAMI. Le texte transfère l’essentiel de l’effort vers les hôpitaux, sans mesures concrètes pour réduire leurs charges, ce qui met en péril l’emploi, l’attractivité des métiers et l’accessibilité des soins, estime l’organisation.
Le projet soumis prévoyait initialement un choc budgétaire d’au moins 200 millions d’euros pour 2026, dont environ 50 millions directement sur l’hôpital de jour et plus de 170 millions via les honoraires, les implants et la pharmacie. Malgré quelques atténuations, l’impact global reste jugé « intenable pour un secteur aux marges déjà comprimées ».
UNESSA souligne que le mécanisme actuel d’encadrement du budget limite son évolution annuelle à 2 %, voire seulement 0,8 % après gels budgétaires, alors que la demande de soins ne cesse d’augmenter. Cette tension n’a pas permis au Comité de l’assurance de dégager un accord, la fédération rejoignant la majorité des représentants des prestataires opposés à la proposition.
« On ne peut pas baisser les recettes hospitalières tout en laissant intacts — voire croître — les coûts récurrents et fixes. Sans une ‘neutralité économique’, la seule soupape qui subsiste, ce sont des licenciements ou l’augmentation des suppléments d’honoraires en chambre individuelle. Or, c’est précisément ce que nous voulons éviter », avertit Philippe Devos, directeur général d’UNESSA.
La fédération redoute des conséquences rapides sur l’emploi et la qualité des soins : gel d’embauches, licenciements, allongement des délais de consultation, fermetures partielles d’activités moins rentables et hausse probable des suppléments d’honoraires en chambre individuelle.
Face à cette situation, UNESSA plaide pour une « Pax Hospitalia » 2026-2028, visant à instaurer prévisibilité et collaboration dans le financement du secteur. Elle propose notamment :
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une neutralité économique immédiate, toute économie imposée devant être compensée par une baisse mesurable des charges hospitalières (achats groupés, quotas de biosimilaires, plafonds énergétiques, cofinancement de la cybersécurité, récupération des factures impayées) ;
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un partage équitable de l’effort entre hôpital, première ligne et industrie pharmaceutique ou technologique, sans report sur les établissements hospitaliers ;
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le lancement d’« Assises des soins raisonnables » sur douze mois pour définir des objectifs coconstruits en matière de prescriptions, d’imagerie, de biologie et de régulation des soins urgents ;
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une régulation de la demande en première ligne, avec indexation partielle du ticket modérateur (hors patients BIM) pour certaines prestations initiées sans prescription, afin de réduire les usages jugés non pertinents.
Pour 2026, la fédération met également en avant des mesures concrètes telles que des achats groupés nationaux de médicaments, d’énergie et de cybersécurité, la mise en place de forfaits et guidelines opposables pour des actes à forte variabilité, et un plan de « soins raisonnables » basé sur des outils numériques de prescription et des évaluations ex ante et ex post.
UNESSA se dit prête à travailler avec les autorités sur ces pistes afin d’assurer un financement soutenable des soins de santé et de préserver l’accessibilité des patients.
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