Vandenbroucke sous le feu des critiques à la Chambre : les députés multiplient les motions sur la loi-cadre

Le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, a été interpellé jeudi à la Chambre par plusieurs députés de la majorité et de l’opposition à propos de son avant-projet de loi-cadre sur la réforme des soins de santé, qui suscite une vive contestation dans le secteur médical et alimente la grogne en vue de la grève prévue le 7 juillet. À l’issue de la discussion, six motions ont été déposées, appelant notamment au retrait de l’avant-projet, à la relance de la concertation, à des garanties sur l’accessibilité des soins ou à un financement structurel des hôpitaux.

Lors d’une séance marquée par des échanges tendus, Irina De Knop (Open VLD) a rappelé que « le Comité de l’assurance a exprimé un avis négatif inédit » sur le texte et dénoncé un projet « rejeté par les prestataires, les mutualités et même certains partenaires de la majorité ». Selon elle, « la loi-cadre alimente la méfiance et évoque une médecine d’État ». François De Smet (DéFI) a pointé un « avant-projet inacceptable » et « une vision autoritaire des rapports entre l’État et la profession médicale ». Il a insisté sur les craintes suscitées par la suppression du conventionnement partiel et la limitation des suppléments d’honoraires.

Natalie Eggermont (PTB) a fustigé un projet qui « ne règle pas le sous-financement structurel » des hôpitaux et « alourdit la facture des patients », regrettant que « la réforme ne touche pas au paiement à la prestation ». Ludivine Dedonder (PS) a souligné l’urgence d’« un dialogue sans tabou » et exigé des garanties en faveur de « l’accessibilité des soins et de la sécurité tarifaire ». Dominiek Sneppe (VB) a accusé le ministre de mener « un projet technocratique et centralisateur » , s’est inquiétée d’« un climat de défiance totale » entre le secteur et le gouvernement et se demande « Qui a réellement rédigé ce projet de loi réformant les soins de santé? Est-ce votre cabinet ou la mutualité Solidaris? »

Face à ces critiques, Frank Vandenbroucke a défendu son approche : « Nous investissons et nous réformons pour garantir des soins accessibles et de qualité. La réforme du financement hospitalier est nécessaire pour réduire les inégalités et assurer une rémunération équitable des médecins. » Il a rappelé que « tout se fait dans le respect de l’accord de gouvernement » et a proposé d’« instaurer le plafonnement des suppléments d’honoraires en 2028 », plaidant pour « un dialogue fondé sur des faits et des arguments solides ».

Un front parlementaire divisé autour de plusieurs motions

À l’issue des débats, pas moins de six motions ont été déposées. Irina De Knop a proposé que la Chambre recommande au gouvernement de retirer l’avant-projet et d’aligner toute réforme sur celle de la nomenclature et du financement hospitalier, en concertation avec le secteur. François De Smet a réclamé « une analyse approfondie des conséquences potentielles de la réforme » et « une véritable concertation avec les syndicats ». Natalie Eggermont a demandé « un financement structurel suffisant » des hôpitaux et la suppression des suppléments d’honoraires, plaidant pour « un abandon du paiement à la prestation ». Ludivine Dedonder a appelé à garantir qu’« aucune mesure ne nuira à l’accessibilité des soins » et à « restaurer la confiance par le dialogue ». Dominiek Sneppe a réclamé que « la réforme soit mise en suspens » et que la concertation soit relancée « dans le respect mutuel ». Enfin, une motion pure et simple a été déposée par des élus de Vooruit, MR et N-VA. Le vote sur ces motions aura lieu ultérieurement.

> Découvrir l'ensemble des interpellations et des motions

Lire aussi: François De Smet (DéFI) dénonce une réforme « brutale » des soins de santé

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Derniers commentaires

  • Francois Planchon

    03 juillet 2025

    Sa spécialité : diviser pour régner... mais ici il a visé trop large d'où la réaction du corps médical.
    Pour éclairer sur sa manière de procéder, voici un petit rappel de sa dangerosité :
    Il a réduit de 30%, SANS prévenir, sans dialogue préalable avec la profession, le 14/8/1988, les remboursements des analyses médicales. Il a obligé des centaines de petits laboratoires d'analyses à fermer... et des centaines de médecins et pharmaciens biologistes à travailler pendant des années pour rembourser les préavis de leur personnel et le prêts en cours des appareils d'analyse... dont une bonne part venaient d'être achetés, vu l'évolution constante des technologies...
    Si ces "réductions" avaient été annoncées avec un préavis raisonnable (quelques années au minimum) ces laboratoires auraient pu donner les préavis tout en continuant à travailler ET n'auraient pas acquis des coûteux appareils nécessitant plusieurs années pour être amortis !
    Beaucoup de biologistes retraités actuellement se retrouvent avec des économies réduites pour compléter leur pension d'indépendants, car elles ont été épuisées par le payement des préavis du personnel, et des prêts en cours pour le matériel, suite à la fermeture forcée de leurs laboratoires !
    Seuls ceux qui étaient en société s'en sont sorti en la mettant en faillite...
    Quelques-uns, mais pas tous, ont été rachetés par les gros laboratoires...
    Le résultat a été que seuls les très gros laboratoires restent "rentables", avec une finalité qui n'est plus que financière, lointaine de l'idéal d'un bon service rendu, proche du public et de la médecine de proximité !

  • Charles KARIGER

    01 juillet 2025

    Il faut retenir que nos Zautorités (de toutes couleurs!) ont toujours écarté la création d'un système de dispensation de soins par des médecins SALARIES. N'importe quel aide-comptable de leurs bureaux peut leur démontrer que cela coûterait beaucoup plus cher que le mode de rémunération actuel. Malgré qu'elle soit urgentiste louvaniste, "députiste" et PTBiste a encore beaucoup à apprendre.

  • Maurice DAMSEAUX

    01 juillet 2025

    Avant de réduire les honoraires des médecins ( encore une fois ) le ministre devrait peut-être penser à d'abord rembourser l'Etat des 10 millions d' Agusta.. Ce serait déjà un bon début.