Y a-t-il un dépistage excessif aujourd’hui en médecine ?

La prévention et le dépistage sont deux axes majeurs d’une politique de santé publique qui souhaiterait réduire à long terme les coûts. Toutefois, quel est le juste équilibre d’un dépistage à l’échelle d’un pays ? Pour la députée fédérale libérale flamande Irina De Knop, la question se pose. À la Chambre, elle a interpellé le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke.

 « Souhaitez-vous ouvrir un débat à ce sujet avec les institutions scientifiques et les médecins, alors que le KCE interpelle les autorités sur le dépistage excessif ? La directrice du KCE s'interroge sur le traitement du prédiabète, étant donné que deux tiers de ces patients ne développent jamais de diabète. Elle s'interroge également sur le programme de prévention Euromelanoma, dans le cadre duquel des dermatologues proposent un dépistage gratuit des mélanomes pendant une semaine. Elle constate en effet que le nombre de diagnostics de cancers de la peau mineurs et précoces a augmenté, tandis que le nombre de cancers de la peau agressifs et avancés reste stable. »

Frank Vandenbroucke a rappelé que Mme Van den Bruel, directrice du KCE, s'est exprimée dans une interview au sujet d'un rapport néerlandais du Conseil pour la santé publique. Il est conscient des risques de « surdiagnostic ». « Il s'agit d'un phénomène connu depuis longtemps dont nous devons tenir compte lorsque nous mettons en place des programmes de dépistage organisés. Outre la peur que cela suscite, il y a les coûts pour les patients et pour notre système de santé. Nous savons également que l'utilisation des tests diagnostiques ne cesse d'augmenter. Nous sommes parmi les leaders en Europe en ce qui concerne le nombre de scanners et d'IRM réalisés chez les personnes souffrant de lombalgies. »

Un nouvel outil
Pour lui, le débat n'est pas simple. « De nombreux phénomènes s'entremêlent. Il est très important que nous disposions de directives scientifiquement fondées, élaborées indépendamment des groupes d'intérêt tels que l'industrie pharmaceutique, et qui trouvent un équilibre entre le surdiagnostic, d'une part, et le sous-diagnostic, d'autre part. L'INAMI développe actuellement un outil d'aide à la décision destiné aux médecins généralistes afin de les aider à demander des examens d'imagerie tels que des scanners, dans le but de mieux les aligner sur les directives scientifiques. Nous devons évaluer très soigneusement quand le dépistage est nécessaire. L'équilibre entre les avantages et les inconvénients dépend du programme de dépistage spécifique. Il faut mettre ces éléments en balance. »

Il rappelle que l'année dernière, le KCE a publié un rapport sur les avantages et les inconvénients du dépistage du cancer du poumon, qui a démontré que le dépistage par tomodensitométrie à faible dose chez les fumeurs ou les anciens fumeurs réduit la mortalité due au cancer du poumon et la mortalité en général. « Ce résultat positif doit toutefois être mis en balance avec les inconvénients : résultats faussement positifs, surdiagnostic, découvertes fortuites dont on ne sait pas si elles présentent des avantages ou des inconvénients pour le patient, et risque lié à l'irradiation que comporte le scanner. Par ailleurs, le KCE examine actuellement de nouvelles modalités de dépistage du cancer du sein et du cancer de la prostate. »

Le débat est loin d’être terminé…

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