Le Dr Kevin Pirotte, médecin généraliste au Centre médical Oxygène à Seraing, où il travaille à l’acte depuis cinq ans, réagit dans une tribune à la prise de position de la Fédération des maisons médicales. Il regrette le soutien de celle-ci au projet de loi-cadre du ministre Vandenbroucke, qu’il juge menaçant pour l’indépendance des médecins libéraux et la diversité des pratiques.
À l’approche de la journée du 7 juillet 2025, je lis avec intérêt, mais aussi avec inquiétude, la prise de position de la Fédération des maisons médicales, qui refuse de soutenir la mobilisation des médecins contre le projet de loi-cadre du ministre Vandenbroucke. Cette position, légitime dans le cadre de leur modèle, ne représente ni l’ensemble de la profession, ni la pluralité des pratiques, ni les enjeux concrets de terrain pour des milliers de médecins libéraux.
Quelques précisions s’imposent.
Oui à l’accessibilité des soins. Non à l’étatisation des pratiques.
Limiter les suppléments, garantir des soins abordables, améliorer l’information du patient : nous y sommes tous favorables. Mais, sous couvert de bonnes intentions, ce projet de réforme fragilise profondément la médecine indépendante en instaurant une logique de santé pilotée exclusivement par l’État et les mutuelles.
Ce n’est pas seulement la liberté tarifaire qui est visée : c’est la liberté d’organisation, la diversité des pratiques et la capacité du médecin à exercer en toute indépendance, dans le respect de son expertise, de ses contraintes et de son engagement.
La médecine à l’acte : c’est un choix responsable, pas une dérive corporatiste !
Travailler à l’acte, ce n’est pas défendre un modèle individualiste et inégalitaire. C’est défendre la possibilité de rester indépendant, proche du patient, ancré dans la réalité locale, sans devoir rejoindre un grand centre ou une structure subventionnée. C’est aussi garantir une réactivité, une adaptabilité, une disponibilité souvent absentes dans des modèles plus rigides.
Le préavis de grève du 7 juillet n’est pas un caprice.
C’est un cri d’alerte.
Il ne s’agit pas de défendre des privilèges, mais de refuser une réforme précipitée, unilatérale et déséquilibrée, qui menace de vider de sa substance la médecine libérale, déjà fragilisée par la charge administrative, la pénurie, l’absence de relève et l’inflation des coûts de fonctionnement.
À nos collègues en maison médicale au forfait : nous ne sommes pas vos adversaires.
Nous respectons votre histoire, vos convictions, votre engagement pour une autre organisation des soins. Mais n’effacez pas, par votre soutien inconditionnel à ce projet, la réalité de terrain des médecins libéraux, en ville comme à la campagne, qui tiennent debout un système à bout de souffle.
Il est encore temps d’exiger une concertation réelle, un équilibre entre accessibilité et viabilité, entre justice sociale et respect des pratiques.
Le 7 juillet, je défendrai une médecine humaine, libre, équitable. Ni corporatisme. Ni suivisme.
Juste la volonté de pouvoir continuer à soigner dignement mes patients dans le cadre de travail que j’ai choisi : médecin généraliste travaillant à l’acte et 100 % conventionné !!!
Lire aussi: La Fédération des maisons médicales opposée à la grève des médecins du 7 juillet
Derniers commentaires
Nathalie PANEPINTO
07 juillet 2025Comment est évaluée la qualité des soins ? Les politiques évoquent toujours le coût, pas fréquemment la qualité. Or, un soin de qualité (diagnostic correct, traitement adéquat...) permet d'éviter des coûts inutiles (traitements inadéquats voire entrainant des affections iatrogènes...). Augmenter le nombre d'étudiants pour faire face à la pénurie implique cependant une réflexion quant à leur encadrement pour assurer une formation de qualité. L'amélioration de la qualité des soins ainsi que des conditions de vie (logement, alimentation...) lors des trente glorieuses a permis un allongement de l'espérance de vie en bonne santé. Ceci a notamment un impact sur les pensions. Gouverner c'est prévoir, or, qu'est-ce qui a été prévu pour tenir compte de cette situation ?