Originaire du Brabant Wallon, j’ai grandi dans un environnement familial lié au domaine de la santé. Mon parcours scolaire s’est déroulé sans heurts, de l’école primaire Fonteny à l’institut Sainte-Marie à Rêves. La médecine m’a attiré dès ma plus tendre enfance, car j’avais une profonde admiration pour mon grand-oncle, qui était aussi notre pédiatre familial. J’ai néanmoins hésité un temps avec les sciences biomédicales. Mon choix pour la médecine a été conforté par un entretien avec une conseillère en orientation en fin d’études secondaires, et par le discours du Pr Hérin, doyen de la faculté de Médecine de Namur, lors d’une journée portes ouvertes.
Je me suis inscrit dans cette faculté, que j’ai particulièrement appréciée pour la qualité de son enseignement et son implantation en ville. J’y ai terminé mon bachelier avant de poursuivre à l’UCL à Woluwe-Saint-Lambert, d’où je suis sorti diplômé en 2011.
La médecine générale comme une évidence
Initialement, je me destinais à la pédiatrie. Mais les stages m’ont orienté vers la médecine générale et la médecine d’urgence. Toutefois, j’étais frustré dans la pratique des urgences : on ne voit le patient qu’à un moment T, sans le suivre, sans connaître son cadre de vie. La médecine générale, au contraire, m’offrait une belle continuité dans le suivi. Quant à la pédiatrie, l’idée de devoir passer un concours et d’entrer en compétition avec mes collègues ne me stimulait que très peu. J’ai donc pris la décision de suivre le cursus de médecine générale tout en axant mes activités vers la pédiatrie, notamment à travers la consultation ONE.
Mon assistanat, je l’ai effectué à la maison médicale de Wilbeauroux (Roux), ce qui m’a permis de pratiquer rapidement la pédiatrie via la consultation ONE à Courcelles. J’ai été immédiatement enthousiasmé par la pratique de la médecine générale, qui m’apportait le lien avec mes patients, le côté social que j’attendais, une très grande variabilité d’activités, et la possibilité de rencontrer des patients de tous âges, de toutes conditions, en aigu, en chronique, en prévention, en conseil, tout en pratiquant quelques actes techniques.
Lorsque l’évolution de cette maison médicale ne correspondait plus à mes aspirations, j’ai décidé de suivre mon propre chemin et d’occuper les locaux du cabinet médical du Sarty à Courcelles, fondé par le Dr Séverine Libert, que j’avais connue comme stagiaire à la maison médicale. J’apprécie beaucoup cette manière hybride de travailler, qui évite d’être en solo pur et les contraintes liées aux maisons médicales, au prix cependant d’une augmentation substantielle de la charge de travail.
La Société de Médecine de Charleroi, un lieu de confraternité et d’échanges
C’est en 2023 que je suis devenu président de la Société de Médecine de Charleroi, société dont j’ai rapidement apprécié la dynamique et l’ambiance après y avoir été invité par une collègue. Elle vise à promouvoir et faciliter la formation continue du médecin, toutes spécialités confondues, et à permettre des rencontres informelles entre généralistes et spécialistes.
Séduit par cette approche, j’ai rapidement accepté de faire partie du bureau, puis j’ai été nommé secrétaire-adjoint, ce qui m’a permis de faire mes premières armes avant d’accepter le poste de président pour un mandat unique de quatre ans. Le travail du bureau consiste essentiellement à organiser des soirées scientifiques à la Maison des Médecins à Charleroi, une fois par mois, avec des conférences données par des experts, idéalement universitaires. Nous organisons aussi chaque année une grande journée le dernier samedi de janvier, en faisant appel aux spécialistes locaux et en veillant à être le plus transversal possible.
Ces réunions, très suivies par les généralistes mais aussi prisées par les spécialistes, sont organisées en binôme par les membres du bureau pour limiter les contraintes. Personnellement, c’est la matinée de l’ONE que je prends en charge chaque année en compagnie du Dr Jean-Philippe Thomson.
Les statuts de la Société de Médecine de Charleroi imposent une alternance généraliste/spécialiste à la présidence, et c’est donc en 2023 que j’ai accédé à cette fonction, qui est loin d’être un fardeau : l’ensemble du bureau travaille en étroite collaboration pour atteindre nos objectifs.
Un futur à réfléchir
Je regrette cependant que la participation des médecins à ces moments de confraternité s’étiole. Les médecins souhaitent de plus en plus consacrer du temps à leur développement personnel et à leur sphère familiale. Il me paraît pourtant important de garder des contacts amicaux et en dehors de la pratique avec nos confrères. Les connaître ne peut que rejaillir indirectement sur la qualité des soins apportés à nos patients.
Quant au futur de la Société, je le vois un peu plus ‘social’. Nous nous attachons à nos patients. Cependant, quand ils arrivent en fin de vie, aucune structure ne permet de soutenir le médecin dans le deuil qu’il doit assumer. C’est dans ce cadre que nous avons décidé, pour l’année 2026, une série de conférences destinées à l’accompagnement du médecin et son soutien en cas de décès d’un de ses patients. J’aimerais aussi que les soirées soient plus ‘pratiques’ pour la médecine générale.
En ce qui concerne le futur de la médecine générale, j’espère que la charge, à tout le moins administrative, puisse être allégée. Le nombre de médecins généralistes diminue dans beaucoup de régions et les tâches qu’on leur demande sont de plus en plus ‘time consuming’. La quantité de travail à fournir va devenir plus importante alors que le temps de travail diminue… Il nous faudra par ailleurs réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour assurer une cohésion optimale et des liens interprofessionnels de qualité. Pouvoir discuter de tout et de rien a un pouvoir de (re)connaissance réciproque que rien ne peut égaler.