Avec l'élection de l'Américain Robert Francis Prevost comme nouveau pape, un "homme capable de relier différents pays et différentes Eglises" prend la tête de l'Église catholique. À 69 ans, il a également l'opportunité de "laisser son empreinte sur l'Église pendant de nombreuses années", a déclaré jeudi soir le canoniste Rik Torfs sur VTM Nieuws.
Robert Francis Prevost est un missionnaire augustin qui a longtemps travaillé au Pérou et a été préfet du dicastère des évêques au sein de la Curie romaine ces deux dernières années. "C'est un homme capable de relier l'Orient et l'Occident, ou différents pay s et différentes Eglises, grâce à son travail missionnaire, à son expérience au Pérou, mais aussi, bien sûr, à son expérience à la Curie", selon Rik Torfs. Il a également de ce fait de nombreux contacts.
Il est toutefois "remarquable", selon le professeur de droit canon, qu'un Américain ait été élu pape, alors que ce pays prend "un certain nombre de décisions politiques étranges" sous la présidence de Donald Trump. "Il est vrai que cet homme est le moins américain des Américains", note Rik Torfs, soulignant que le nouveau pape a majoritairement travaillé en dehors des États-Unis.
Le choix du nom de Léon XIV semble indiquer un profil social, suivant les traces du pape Léon XIII, qui a développé la doctrine sociale de l'Eglise avec son encyclique Rerum Novarum. "En ce sens, on peut dire qu'il est en quelque sorte un contrepoids à la politique capitaliste de Trump", souligne Rik Torfs.
En tant qu'Américain, Robert F. Prevost est également anglophone. "Jusqu'à présent, cela n'a pas été très fréquent", poursuit RikTorfs. "Cette connaissance n'est pas non plus mauvaise pour la politique mondiale."
Le canoniste juge également remarquable que Robert Francis Prevost, comme son prédécesseur François qui était jésuite, soit issu d'un ordre religieux. "Pour la deuxième fois consécutive", précise-t-il. "Certains cardinaux n'apprécient pas beaucoup cela, mais apparemment, les gens attendent davantage d'innovation de leur part."
Le discours relativement long du pape Léon XIV au balcon de la basilique Saint-Pierre manquait toutefois de "points forts"», aux yeux de Rik Torfs. "De nombreux thèmes ont été abordés", dont la paix. Son passé prouve qu'il est un bâtisseur de ponts, "mais tout cela devra se concrétiser".
Le fait que le nouveau pape ait adopté par le passé une position neutre sur des questions sensibles comme le mariage homosexuel a presque constitué une condition, selon Rik Torfs. "On devient souvent cardinal parce qu'on tient peu de propos polémiques; une attitude prudente est toujours appréciée", ajoute-t-il. "Il faudra maintenant qu'il clarifie sa position".
À 69 ans, Robert F. Prevost aura "de nombreuses années pour laisser son empreinte sur l'Église" s'il jouit d'une bonne santé, a conclu le spécialiste en droit canon. "Tout cela pourrait durer, car le pape Léon XIII est mort à l'âge 93 ans".