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C’est ce que dénonce le Dr Wouter Arrazola de Oñate, médecin et chercheur en santé publique collaborant avec l’Organisation mondiale de la santé, dans une tribune publiée lundi dans le quotidien flamand De Tijd. Il affirme que l’élimination complète des services de santé dans la bande de Gaza rend la survie impossible pour ses habitants, qualifiant cette situation de genocide. Selon lui, cette destruction systématique constitue une tentative d’éradiquer une population entière.
Le médecin rappelle que la santé est un droit fondamental et que les soins de santé forment « la colonne vertébrale d’une société ». Leur destruction prive une population de sa capacité à survivre et à se développer. À Gaza, les infrastructures médicales sont ciblées de manière répétée : non seulement les hôpitaux essentiels sont détruits, mais même les structures reconstruites sont attaquées une deuxième, voire une troisième fois. Plus de 1 000 médecins, infirmiers et travailleurs de santé ont été tués, un chiffre sans précédent depuis la fondation des Nations Unies.
Une intention déduite de la systématique des actes
Pour le Dr Arrazola de Oñate, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’un genocide. Il précise que l’intention nécessaire pour qualifier de tels actes peut être déduite non seulement des paroles, mais aussi de la systématique des actions, de leur échelle cumulée dans le temps et de l’absence totale de proportionnalité. À Gaza, poursuit-il, toutes les universités médicales ont été détruites, empêchant la formation de futurs professionnels de santé, tandis que des médicaments de base comme l’insuline sont fréquemment bloqués.
Il rappelle également que le droit médical international considère toute attaque contre des hôpitaux ou des patients comme un crime. Ces principes imposent des obligations strictes : organiser l’évacuation en toute sécurité des malades et garantir la continuité des soins. À Gaza, ces règles fondamentales sont ignorées, affirme-t-il. Les patients sont laissés sans oxygène, perfusions arrachées, et forcés de marcher jusqu’à des hôpitaux dysfonctionnels.
Une situation créée pour multiplier les souffrances
Outre la destruction des soins, le Dr Arrazola de Oñate dénonce la création délibérée de conditions de vie insoutenables : famine, absence d’eau potable, surpopulation dans des camps insalubres, et destruction des habitations. Il parle d’un « scénario visant à générer le plus de maladie et de souffrance possible ». Ces actions, explique-t-il, augmentent de manière exponentielle les besoins en soins médicaux tout en paralysant complètement leur délivrance.
Selon des études citées par le médecin, si une aide massive n’est pas autorisée immédiatement, 200 000 personnes pourraient perdre la vie. Pour lui, cette stratégie porte un nom : le medicide, soit l’élimination intentionnelle d’un système de santé pour anéantir une population.
Dans sa tribune, le Dr Arrazola de Oñate appelle à une action urgente pour mettre fin à ce qu’il qualifie de violations flagrantes des droits fondamentaux. "Négociateurs du gouvernement, adoptez une position ferme dans l’accord gouvernemental pour la préservation de l’État de droit et des droits de l’homme, et dénoncez le génocide en Palestine. L'arrêt de la Cour internationale de Justice y oblige les États membres. Chers collègues, brisez ce silence complice et faites entendre votre voix. Les associations de médecins, les facultés de médecine et les écoles d'infirmières ne restent pas silencieuses et refusent de coopérer.
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