Le suicide est la première cause de décès chez les 15-45 ans en Belgique

Selon les derniers chiffres disponibles datant de 2021, quatre Belges se donnent la mort chaque jour et le suicide est la première cause de décès chez les 15-45 ans. Cet acte de désespoir est même la cause d'un quart des décès chez les 15-24 ans, signalent lundi l'ASBL Un pass dans l'impass et le Centre de prévention du suicide, à la veille de la Journée mondiale de prévention du suicide.

Selon les statistiques de Sciensano, l'institut de santé publique, le nombre de décès par suicide a diminué à 1.641 décès en 2021, contre 1.736 en 2020, deux années fortement marquées par la crise du Covid-19. Cela représentait plus de 4 suicides par jour.

Un acte qui est davantage posé par les hommes et les Wallons, analyse Un pass dans l'impasse, un centre wallon de prévention du suicide. Quelque 1.174 hommes se sont donné la mort en 2021, contre 467 femmes.

"Ces chiffres ne sont toutefois que la phase immergée de l'iceberg", prévient Thomas Thirion, administrateur délégué de l'ASBL. "En effet, on estime que les tentatives de suicide sont à 15 à 20 fois plus nombreuses que les suicides. Deux tiers de ces tentatives concernent des femmes."

La Wallonie affiche par ailleurs le plus haut taux de décès par suicide: 17,1 pour 100.000 habitants en 2021, contre 13,6 en Flandre et 8,6 à Bruxelles. La moyenne belge est de 14,2.

Depuis 2019, le suicide représente la première cause de décès chez les 15-45 ans, devant les cancers, accidents de la route et les maladies cardio-vasculaires. Parmi les 15-24 ans, un décès sur quatre est dû à un tel acte de désespoir.

Un signal d'alarme de la jeunesse que confirme le Centre de prévention du suicide. Il a en effet constaté une hausse de 15% des appels de jeunes sur sa ligne d'écoute gratuite et anonyme 0800/32.123 depuis 2020.

"Les raisons d'un passage à l'acte suicidaire sont variées et ne sont pas uniquement liées au harcèlement scolaire", analyse le Centre de prévention du suicide. "Les jeunes se confient, notamment, sur la difficulté à parler de leur souffrance à leur entourage, car ils ont peur qu'elle ne soit pas prise au sérieux. Ils craignent également d'être un "poids" ou un "fardeau" pour leur famille, leurs amis, etc."

Une souffrance qui n'est pas exprimée ou entendue s'accentue et rend le quotidien insupportable, développe encore le Centre de prévention du suicide. Il invite plus que jamais au dialogue entre un proche et un jeune en crise. Nommer et évoquer les idées suicidaires ne provoquent pas le passage à l'acte, insiste le Centre.

Aborder le sujet peut aussi se faire au moyen de consultations psychologiques, dont le nombre a d'ailleurs progressé de 48% depuis 2019 au sein de l'association Un pass dans l'impasse. Un phénomène que cette dernière explique par la multiplication des crises (sanitaire, financière, énergétique, climatique, etc.) ces quatre dernières années et une forte hausse du mal-être. Un quart de ces consultations ont d'ailleurs concerné des adolescents et jeunes adultes en crise suicidaire.

Face à ces constats, l'ASBL a lancé un appel aux dons (via son site www.un-pass.be) afin de la soutenir financièrement dans son travail de prévention. Elle a également lancé une grande campagne d'affichage au sein des hôpitaux, polycliniques, maisons médicales, centres de santé, pharmacies et cabinets des médecins généralistes.

Toute personne ayant des idées suicidaires peut contacter la ligne d'écoute du Centre de Prévention du Suicide au 0800/32.123 (elle est anonyme, gratuite et disponible 24h/24). Plus d'infos sur www.preventionsuicide.be.

L'ASBL Un pass dans l'impasse est, elle, joignable au 081/777.150.

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