Hébron, située en Cisjordanie, est le théâtre de graves crises sanitaires et humanitaires selon un récent rapport de Médecins Sans Frontières (MSF). Intitulé "Vies occupées : le risque de transfert forcé des Palestiniens à Hébron", ce rapport met en lumière les défis insurmontables auxquels font face les Palestiniens en raison des restrictions imposées par les forces israéliennes et de la violence perpétrée par les soldats et les colons israéliens.
La situation sanitaire à Hébron se détériore rapidement. Les cliniques du ministère de la Santé ont dû fermer, les pharmacies manquent de médicaments, et les ambulances sont souvent bloquées ou attaquées. Les malades hésitent à consulter un médecin ou sont contraints d'interrompre leurs traitements. La violence et les restrictions de mouvement ont également des conséquences économiques graves, obligeant de nombreuses familles à renoncer à leur assurance santé et à se passer de médicaments essentiels.
Les témoignages recueillis par MSF illustrent les difficultés extrêmes rencontrées par les Palestiniens pour accéder aux soins médicaux. Une zone particulièrement affectée est "H2", où 21 points de contrôle permanents rendent presque impossible l'accès aux services de santé. Depuis le 7 octobre, les cliniques dans H2 ont été fermées, sauf une, car le personnel médical n'avait pas les autorisations nécessaires pour franchir les points de contrôle.
Un résident de H2 et membre de MSF a témoigné : « Il n'y a actuellement aucune clinique en fonctionnement dans la zone fermée [H2], et même s'il y en avait, les résidents vivent dans la peur de perdre leur vie pour obtenir des médicaments. Vous ne pouvez pas tomber malade ici, c'est interdit. » La violence et les restrictions de mouvement ont forcé les patients à grimper par-dessus des clôtures et des toits pour accéder aux soins, au péril de leur vie.
La violence continue exerce une pression énorme sur la santé mentale des Palestiniens. Les incursions nocturnes des soldats israéliens provoquent une peur constante. Un patient de Masafer Yatta a raconté : « Lorsque les soldats viennent la nuit pour des incursions domiciliaires, mes enfants et ma femme se cachent derrière moi pour se protéger, mais je ne peux pas les protéger. Ils ont le pouvoir ; ils peuvent faire ce qu'ils veulent. »
Le rapport de MSF souligne également les déplacements forcés dans le gouvernorat d'Hébron. Depuis octobre 2023, plus de 1 500 Palestiniens ont été déplacés de force ou ont vu leurs maisons détruites. MSF décrit comment les politiques coercitives des autorités et des colons israéliens poussent de plus en plus de familles à fuir leurs foyers, ce qui pourrait constituer un transfert forcé.
Frederieke van Dongen, responsable des affaires humanitaires de MSF, appelle les autorités israéliennes à respecter leurs obligations envers les Palestiniens : « Les politiques israéliennes mises en œuvre à Hébron ont déjà des conséquences profondes sur la santé physique et mentale des Palestiniens. Nous appelons les autorités israéliennes à garantir un accès sans entrave aux soins de santé et à d'autres services essentiels, à protéger les Palestiniens contre les déplacements forcés et à faciliter le retour en toute sécurité des communautés déplacées dans leurs foyers. »