Maltraitance des aînés: un sujet toujours tabou et sous-estimé

La maltraitance à l'égard des aînés reste un sujet tabou. Les signalements adressés aux associations d'écoute, relativement stables d'année en année, ne représentent que la partie émergée de l'iceberg, ressort-il jeudi, en marge de la Journée mondiale contre la maltraitance des personnes âgées, prévue le 15 juin.

En 2023, l'agence wallonne de lutte contre la maltraitance des ainés, Respect Seniors, a reçu 2.118 signalements en lien avec une situation de maltraitance. Parmi ces cas, 823 ont été accompagnés et 184 ont donné lieu à une visite sur place. Si ces chiffres évoluent peu au fil des ans, "ils sont largement sous-estimés", avance le directeur de Respect Seniors, Dominique Langhendries.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu'environ une personne de plus de 60 ans sur six a subi une forme de maltraitance dans son environnement familier lors de l'année écoulée. Cependant, beaucoup ne le signalent pas. "Par ignorance de ce qu'ils subissent, parce que l'auteur est un membre de la famille, par crainte de représailles ou par impossibilité de contacter un centre d'écoute", détaille Dominique Langhendries. 

Parmi les différentes formes de maltraitance, les abus psychologiques, comme les humiliations, le chantage affectif ou le langage inapproprié, sont les plus fréquents (31,3%), selon les chiffres de Respect Seniors. Les négligences (manque de stimuli, privation de soins, etc.) arrivent en deuxième position (19,2%%), suivies par la maltraitance financière (18,9%), la maltraitance civique (18,1%) comme le non-respect des choix de l'aîné, et la maltraitance physique (11,5%). Dans la moitié des cas (52%), l'auteur désigné est un membre de la famille. Les statistiques montrent également que deux tiers des victimes sont des femmes (66%). 

En Flandre, le centre contre la maltraitance des aînés (Vlaams Ondersteuningscentrum Ouderenmis(be)handeling, Vloco), la ligne d'écoute 1722 en les centres d'aide sociale (CAW) ont enregistré ensemble 1.584 signalements. Comme au sud du pays, les organisations estiment qu'il y a beaucoup plus de cas que de signalements. "Le problème est méconnu et, en raison du tabou qui prévaut, il est toujours difficile d'en parler. Seule la moitié des personnes âgées qui y sont confrontées osent en parler", estime Vloco.

Pour contrer la maltraitance des aînés, Dominique Langhendries souligne l'intérêt de campagnes publicitaires de prévention, encore trop rares à ce jour. Car "il importe de ne jamais rester seul quand on a le sentiment d'être maltraité", conclut-il.

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