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Médecins sans frontières a suspendu ses opérations dans un hôpital jouant un rôle crucial dans la capitale du Soudan, après de "violentes attaques" d'hommes armés, a indiqué l'ONG vendredi.
"Nous avons dû suspendre nos activités à l'hôpital Bashair de Khartoum", a expliqué à l'AFP le Secrétaire général de MSF, Christopher Lockyear, l'hôpital ayant été "le théâtre de nombreuses attaques violentes contre des patients" ces derniers mois. "Il devient intenable pour nous d'y travailler, et c'est l'un des seuls services hospitaliers gratuits de la ville de Khartoum, qui est assiégée depuis des mois et des mois. C'est donc une tournure vraiment tragique des événements", a déploré le responsable humanitaire.
L'hôpital Bashair se trouve dans une zone de Khartoum contrôlée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) en guerre contre l'armée soudanaise, indique l'ONG dans un communiqué publié vendredi à Genève.
"C'est une décision tragique qui n'est pas prise à la légère, et elle intervient après avoir engagé des discussions avec toutes les parties belligérantes autour de notre présence dans cet hôpital", a expliqué M. Lockyear, soulignant que MSF ne peut pas "opérer dans une situation qui est aussi violente que celle-là".
Bashair est l'un des derniers hôpitaux en activité du sud de Khartoum à proposer des soins médicaux gratuits, souligne MSF et il a vu un nombre croissant de patients souffrant de traumatismes violents depuis la fin septembre en raison de l'intensification des combats. "Parfois, des dizaines de personnes arrivent à l'hôpital en même temps après des bombardements ou des frappes aériennes sur des zones résidentielles et des marchés".
Ainsi, le 5 janvier 50 personnes ont été amenées aux urgences - dont douze déjà mortes - après une frappe aérienne à un kilomètre de l'hôpital, précise MSF.
MSF travaille dans onze États du Soudan. "Nous espérons que les conditions nous permettront de retourner à l'hôpital Bashair à l'avenir et de reprendre nos activités médicales", souligne le communiqué.
Depuis plus de vingt mois, le pays est ravagé par une lutte pour le pouvoir entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, le chef des FSR. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné douze millions de personnes et créé ce que les Nations unies décrivent comme l'une des pires catastrophes humanitaires de l'histoire récente.