L'ABSyM s’oppose fermement aux projets pilotes menés dans les provinces du Hainaut et d’Anvers, visant à tester la faisabilité de dépistages du streptocoque A en pharmacie. Selon un communiqué publié jeudi, le syndicat dénonce ces initiatives comme une énième tentative de saper les compétences des médecins généralistes, en violation de la loi sur l’exercice des professions des soins de santé. Medi-Sphere avait déjà attiré l'attention sur ce débat début décembre, relayant les propos du Dr David Simon concernant les risques de ces pratiques.
Lancée par l’Union pharmaceutique du Hainaut Occidental et Central (UPHOC) et l’Association des pharmaciens d’Anvers (KAVA), en collaboration avec les universités d’Anvers et de Mons, cette étude pilote implique une trentaine de pharmacies dans chaque région. Les tests, réalisés sous supervision pharmaceutique, visent à évaluer la faisabilité de diagnostics rapides en officine. Pourtant, les médecins généralistes, non consultés au préalable, expriment leurs doutes quant à la pertinence de ces initiatives.
Un projet jugé non fondé scientifiquement
Dans une lettre adressée aux médecins d’Anvers, KAVA reconnaît que ces autotests n’atteignent pas les standards d’un laboratoire clinique et insiste sur l’importance d’un examen clinique. Toutefois, les généralistes rappellent que la Commission belge de coordination de la politique antibiotique (BAPCOC) avait déjà, en 2014, déconseillé ces tests pour les maux de gorge, faute de valeur ajoutée. L’ABSyM qualifie cette démarche de « piètre tentative de faire de la médecine », critiquant une approche non basée sur les preuves.
Un impact négatif sur le rôle des généralistes
Le protocole du projet met en avant deux objectifs principaux : réduire la prescription inutile d’antibiotiques et libérer du temps pour les généralistes. Cependant, l’ABSyM voit dans ces arguments un prétexte pour justifier une fragmentation des tâches médicales et affaiblir le rôle de coordination du médecin. « Les pharmaciens ne sont pas formés pour prendre en charge ce genre de soins », rappelle le syndicat.
Une atteinte à la législation
En outre, l’ABSyM souligne que ces projets contreviennent à la loi sur l’exercice des professions des soins de santé (LPSS), qui réserve l’acte médical aux titulaires d’un diplôme légal de médecine. Selon le Dr Jos Vanhoof (vice-Président) et le Dr Johan Blanckaert ( Président de l'ABSyM) , ce type d’initiative ne contribue en rien à alléger la charge administrative des généralistes, contrairement aux efforts menés au sein du groupe de travail Kafka.
L’ABSyM appelle à l’arrêt immédiat de ces projets pilotes et insiste sur la nécessité de respecter le rôle central des médecins généralistes dans la prise en charge des patients.
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