Grande agglomération, bilinguisme, mélange de populations d’origines variées… Ces facteurs ont conduit à la mise en place d’un système de garde différent des autres régions. Et ce système fonctionne bien, même s’il n’est pas parfait, comme l’explique le Dr De Schuiteneer, administrateur de la GBBW (Garde Bruxelloise-Brusselse Wachtdienst).
Structurellement, Bruxelles et sa région ne sont pas un territoire comme les autres dans notre pays. C’est une région bilingue, fortement urbanisée et cosmopolite, où la médecine générale a dû s’organiser de manière originale, notamment pour les gardes. Très tôt, les associations de médecins généralistes, qui assuraient la garde de médecine générale chacune à leur niveau, se sont rassemblées pour mieux se répartir les tâches. L’intention était non seulement d’obtenir un gain d’efficacité, mais aussi d’améliorer les conditions de travail et la rémunération des médecins participant à la garde.
De nombreux médecins pour pas grand-chose
Auparavant, des rencontres étaient périodiquement organisées entre les généralistes d’une même association qui se portaient volontaires, et les tours de garde étaient répartis entre eux. Une permanence de week-end, allant du vendredi soir au lundi matin, durait une soixantaine d’heures. Vu le nombre d’associations fonctionnant à Bruxelles, au minimum une quinzaine de généralistes étaient de faction. Au cours de cette période, chacun voyait 5 à 10 patients par jour. « Ce n’était pas très rémunérateur et cela mobilisait de nombreux médecins pour pas grand-chose », commente Manuel De Schuiteneer.
Un call center unique
Depuis 2014, les cercles ont fusionné leur garde et ont centralisé les appels sur un call center unique. Actuellement, un seul médecin assure la garde en nuit profonde en semaine, et jusqu’à sept ou huit généralistes sont de garde en même temps pendant le week-end. Le fait de passer par un call center permet de recentrer les interventions de chacun d’entre eux sur une zone géographique délimitée. Cela leur évite des trajets interminables d’un bout à l’autre de l’agglomération. Ils répondent chacun à 5 appels en moyenne sur une durée de cinq heures. En garde mobile, le médecin gagne entre 70 € et 100 € de l’heure. Cette rémunération est modulée selon le moment de la journée ou de la nuit, le bilinguisme et le nombre de patients vus.
Il n’y a pas véritablement de tri par le call center, mais les réceptionnistes ont reçu quelques instructions de base. Cela permet de prioriser les situations qui ne peuvent attendre ou qui ne peuvent être résolues autrement (décès, personnes âgées ou à mobilité réduite, MR et MRS, etc.). Les appels (potentiellement) graves sont dirigés vers les urgences hospitalières. L’efficacité en est nettement améliorée, avec de meilleurs revenus et une fatigue relativement moins importante pour les médecins. Ceux-ci, tout comme les patients, se disent généralement satisfaits.
Un tiers des MG effectuent des gardes
Le financement provient à la fois du Fédéral et de la Région, et une modeste cotisation des médecins via leurs cercles respectifs vient s’y ajouter. « Avec cela, nous pouvons notamment payer le taxi du médecin en déplacement. Il est ainsi accompagné, ce qui est important, et il n’a pas de problème de parking. » Globalement, environ un tiers des généralistes de l’agglomération effectuent des gardes. « Nous n’avons pas de difficultés de recrutement », explique le Dr De Schuiteneer, même pour trouver des médecins bilingues. Les médecins en début de carrière sont proportionnellement plus nombreux, mais ils ne sont pas les seuls à s’inscrire. « Il faut dire que nous tenons compte de leurs desiderata : il est possible d’exclure les dates des vacances du médecin, d’éviter de prendre une garde en même temps qu’un confrère exerçant dans le même cabinet, de réattribuer une garde qu’on ne peut plus assurer, etc. L’attribution tenant compte de ces critères est faite par un logiciel. Environ 400 prestataires sont inscrits sur nos listes.
Six postes de garde fonctionnent sur le territoire de la Région. Nous avons une excellente collaboration avec le cercle des généralistes néerlandophones de Bruxelles, et pendant les heures de garde officielles, il y a toujours la disponibilité d’un médecin bilingue dont les connaissances linguistiques sont attestées par un organisme reconnu. Bref, nous pouvons nous estimer satisfaits de la manière dont cela fonctionne », conclut Manuel De Schuiteneer.
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