Quelles solutions contre la hausse de l’absentéisme à l’hôpital ?

L’absentéisme dans les hôpitaux reste une préoccupation majeure en Belgique, avec un taux atteignant 12,2 % en 2024, selon l’enquête MAHA. Une situation qui trouve des échos au Luxembourg et en France, et qui appelle des solutions urgentes, allant de la réduction de la charge administrative à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le Dr Philippe Devos, CEO d’Unessa, pointe également l’importance d’un management bienveillant et d’une tolérance zéro face aux agressions.

En Belgique, l’absentéisme dans les hôpitaux reste une problématique importante au quotidien pour les gestionnaires et affecte l’activité des médecins et des infirmiers. Pour rappel, les hôpitaux belges emploient 108 137 personnes (ETP). Il s'agit non seulement du personnel soignant, mais également des collaborateurs administratifs et des médecins-assistants. Selon les premières estimations issues de l’enquête MAHA concernant l’année 2024, l’absentéisme a augmenté à 12,2 % depuis la crise du Covid. Plus de 4 % de cet absentéisme concerne des absences de longue durée. Ce phénomène s'aggrave également dans le reste de la société et s'élève actuellement à environ 10 %. À noter que les hôpitaux belges comptent 4 000 postes vacants, dont 2 700 pour le personnel soignant.

Au Luxembourg aussi

Une situation comparable est observée dans les hôpitaux luxembourgeois. En 2023, le taux d’absentéisme pour cause de maladie (hors longue durée) dans les hôpitaux a atteint 4,56 %, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale, en réponse à une question parlementaire posée par Laurent Mosar (CSV). Les données de l’Inspection générale de la sécurité sociale, qui utilise une autre méthode de calcul, indiquent un taux d’absentéisme de 5 % dans le secteur hospitalier, tandis que celui de l’ensemble du secteur de la santé humaine et de l’action sociale atteint 6 %. Pour l’ensemble des secteurs confondus, ce taux est de 4,6 %.

En France, des chiffres préoccupants

En France, la situation reste également préoccupante : le taux d'absentéisme en raison d'arrêts maladie du personnel non médical (infirmiers, aides-soignants, personnel médico-technique, administratif…) dans les établissements de santé et les Ehpad est toutefois redescendu à 9,5 % en 2023, après un pic de 11,1 % atteint en 2022. Il s'élevait à 8,9 % en 2019.

Quelles solutions ?

Pour le Dr Philippe Devos, CEO d’Unessa, la charge de travail a un impact majeur sur l’absentéisme :
« C’est le problème numéro un. Il faut alléger la charge de travail du personnel dans un contexte de sous-financement majeur où il est difficile d’engager. Une des solutions que l’on veut proposer à Unessa, sur certaines tâches, est que le personnel soit accompagné par d’autres professionnels moins qualifiés. Parallèlement, l’administration doit réduire toute la charge administrative et d’encodage pour libérer du temps pour les soignants. »

Sur le terrain, l’intelligence artificielle (IA) pourrait offrir des solutions face à la charge de travail :
« On peut sous-traiter l’encodage de certaines données à l’IA. Par exemple, le CHC travaille sur ce type de piste. L’IA pourrait se déployer plus vite qu’un changement législatif... mais il faut quand même dégager des moyens pour le mettre en place. La limitation de la charge administrative va aussi redonner du sens au métier. »

Il convient aussi de combattre le burn-out, lié à la qualité du management direct :
« Nous devons aller vers un management positif et bienveillant, ce qui nécessite des formations adaptées et de qualité. À Unessa, nous cherchons constamment des formations de qualité à ce niveau. »

Enfin, l’agressivité envers les soignants impacte également l’absentéisme :
« Cette agressivité peut venir de collègues, mais aussi et surtout des patients envers les soignants. Nous devons mettre en place une tolérance zéro à ce niveau, en collaboration avec les parquets locaux notamment. Nous le faisons avec la ville de Liège et les hôpitaux liégeois lorsqu’il y a une agression envers un soignant. »

Le Dr Philippe Devos est conscient que ces trois éléments sont difficiles à mettre en place à court terme :
« Les autorités auraient dû anticiper cette problématique voici dix ans. À présent, nous devons travailler sur des solutions concrètes, mais qui prendront du temps à mettre en œuvre. »

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