Un médecin en milieu carcéral saisit l'Ordre pour dénoncer les dysfonctionnements

Un médecin généraliste à la prison de Haren a saisi l'Ordre des médecins et a dénoncé une série de manquements graves en matière de santé en prison, a rapporté Le Soir lundi. Le lanceur d'alerte a compilé un dossier de 25 pages consulté par ce quotidien, la VRT et la RTBF. Jeudi, les syndicats consulteront une nouvelle fois l'administration pénitentiaire et le cabinet de la ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V).

Le dossier du médecin Brecht Verbrugghe, élaboré durant des mois, relate une série de situations problématiques qu'il décrit comme étant structurelles : manquements dans le dépistage et traitement des cas d'h&eacu te;patite C, du dépistage de la tuberculose, soins évités sous prétexte de la charge logistique qu'ils représentent, entorses structurelles au secret médical, absence de vision et débriefings face à des incidents graves et traumatisants.

En matière de santé carcérale, la ligne avancée par la Direction générale des établissements pénitentiaires (DG EPI, relevant du SPF Justice) est que la qualité des soins fournis en prison doit être "équivalente" à ceux prodigués dans "le monde libre". Pour le lanceur d'alerte, rien ne saurait être plus éloigné de la vérité.

Il dénonce une médecine contrainte, soumise aux logiques sécuritaires et pénitentiaires, où chaque consultation relève de l'équilibrisme déontologique. Selon lui, les conditions de travail sont indignes, les patients souvent laissés à l'abandon, et les soignants impuissants face à une administration focalisée sur la punition et le contrôle.

Selon le médecin, la faiblesse de la médecine appliquée en prison contribue de surcroît à alimenter un climat de tension déjà fort marqué entre le personnel pénitentiaire et les détenus. La surpopulation carcérale n'aide évidemment en rien.

"Ce que je lis ne me surprend pas", a commenté Robby De Kaey du syndicat socialiste ACOD/CGSP. M. De Kaey estime que des mesures urgentes doivent être prises pour améliorer la situation du personnel et la santé des détenus. Il reconnaît toutefois que la réforme structurelle est difficile dans le climat politique actuel. "Pour l'instant, nous essayons simplement de faire en sorte que les choses avancent pour nous assurer que le papier peint ne tombe pas des murs."

Dans une réaction lundi, la ministre de la Justice Annelies Verlinden insiste sur le fait que tout ce qui relève des soins de santé, au sens large, doit à terme devenir une compétence de santé publique: "Nous nous devons, en tant qu'État de droit, de démocratie et de société, de ne pas faire de distinction entre l'intérieur et l'extérieur des murs de la prison lorsqu'il s'agit de soins de santé. La grande majorité de nos prisonniers seront libérés un jour. Si nous voulons que cela se passe bien, les besoins en matière de soins doivent également recevoir l'attention qu'ils méritent", selon elle.

Sous cette législature, elle entend mettre l'accent sur le parcours "humain" en détention, notant les besoins énormes en services de santé spécialisés et d'infrastructures. Elle entend d'ailleurs mettre en place une "task force" pour apporter des réponses structurelles à la problématique de l'internement.

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