Comme la défense, le parquet a annoncé vendredi faire appel du verdict du tribunal correctionnel de Tongres, qui s'était déclaré incompétent pour examiner le dossier d'une ancienne infirmière de Genk. Celle-ci est suspectée d'avoir administré en 2014 un mélange mortel de morphine et de dolantine à une patiente espagnole de 70 ans en phase terminale.
La semaine dernière, le tribunal a requalifié les faits en empoisonnement et ces charges ne peuvent être examinées que par une cour d'assises.
Le 19 juillet 2014, une patiente espagnole atteinte d'un cancer du poumon en phase terminale a été admise à l'hôpital ZOL (Ziekenhuis Oost-Limburg) de Genk. Le lendemain, l'infirmière a indiqué à un médecin que la patiente avait du mal à respirer et elle a reçu l'instruction de lui donner un traitement avec de la morphine. Le médecin ignorait toutefois que la même infirmière lui avait préalablement administré, sans le consulter, une dose supplémentaire d'anesthésique par injection.
L'autopsie a identifié plusieurs causes possibles de décès, notamment les substances injectées et une pièce de vingt centimes trouvée au fond de la gorge de la femme, bloquant la trachée. La pièce avait été déposée sur sa bouche par un voisin qui lui avait rendu visite à l'hôpital, selon une tradition sicilienne, alors qu'elle était inconsciente. L'homme avait pensé que l'Espagnole était déjà décédée.
Selon le tribunal correctionnel, l'anesthésique injecté par l'infirmière avant d'appliquer le baxter a participé à l'aggravation de l'état de santé de la patiente. La cour considère que la pièce de monnaie a aussi contribué à une mort plus rapide, mais qu'elle n'a pas été le facteur décisif de la mort. "Sans les quantités toxiques et potentiellement mortelles de péthidine et de morphine, la patiente ne serait pas décédée dans ces circonstances et à ce moment-là", a-t-il statué.
Après le jugement, l'avocat de la défense Bert Partoens a indiqué qu'il se tournerait vers la cour d'appel. C'est aussi le cas du parquet. "Nous ne sommes pas d'accord avec le raisonnement du tribunal selon lequel la qualification est incorrecte", a expliqué le procureur Bruno Coppin.
Derniers commentaires
Jean-Louis MARY
13 aout 2024In fine l'infirmière, le médecin et le voisin ont fait ce qu'il y avait de mieux à faire sans s'être consulté: abréger les souffrances de la patiente de façon définitive.
La Défense ? et le Parquet auraient mieux fait de s'abstenir et cela montre à quel point nos soins terminaux ont encore du chemin à faire ...c'est à espérer que la cour d'appel les déboute.