Le point sur la médecine générale en 2022 (Dr Michel Creemers)

C’est peu dire que la médecine – et la médecine générale en particulier – est actuellement soumise à une pression considérable. Les raisons qui expliquent cet état de fait ont déjà été abondamment relayées et commentées sur divers forums, mais un certain nombre d’aspects de ce débat n’en méritent pas moins d’être une nouvelle fois mis en lumière, estime le Dr Michel Creemers, président de la section « médecine générale » de l’ASGB.

« Frank Vandenbroucke a l’ambition de conclure un New Deal avec le secteur de la médecine générale et le groupe de travail Van den Bruel – Belche met actuellement les bouchées doubles pour définir un plan d’approche pour la « troisième voie », qui sera fondé sur cinq piliers.

Une meilleure répartition des médecins de famille est souhaitable et même nécessaire. Néanmoins, lorsque nous devons trouver un remplaçant pour notre cabinet, dans le petit village de Lint, les réactions sont à peu près inexistantes. Si les jeunes préfèrent travailler en ville, une augmentation du nombre de nouveaux généralistes qui sortent des universités ne résoudra donc pas le problème des zones rurales.

Supprimer les attestations inutiles aussi est une belle idée, mais le groupe de travail Kafka s’y est déjà cassé les dents… et soyons francs, la possibilité de prendre trois jours de congé maladie (non consécutifs) sans attestation – et encore, uniquement dans les entreprises de plus de 50 travailleurs – n’est guère à cet égard qu’un emplâtre sur une jambe de bois.

Un modèle organisationnel où le médecin bénéficierait du soutien d’assistants de pratique et d’infirmiers voire, dans un second temps, de psychologues, de diététiciens ou de kinés, permettrait certainement d’alléger sa charge de travail. Qui se chargera toutefois de financer l’infrastructure nécessaire ? Qui dit grand cabinet de première ligne dit aussi gros investissement et, jusqu’ici, il n’y a que les maisons médicales qui peuvent bénéficier d’un financement.

Enfin, les généralistes doivent être conscients que, même à supposer que toutes ces mesures puissent être réalisées en ces temps de disette budgétaire, elles ne vont pas les décharger du volet opérationnel de leur travail. Les patients attendront toujours et nous devons à tout prix éviter que le généraliste « du berceau au tombeau » (Pr em. Heyrman) ne cède la place au généraliste « de neuf à cinq »… »

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.

Derniers commentaires

  • Jean-Louis MARY

    02 décembre 2022

    16000 médecins généralistes belges travaillent encore dans la majorité des cas selon un mode dit libéral, choix souhaité par 90% de la population dont seulement 10% préfèrent la pratique Maison Médicale, pratique que VDB veut imposer à la première ligne de soins.
    16000 médecins généralistes ...dont deux conseillent et décident des orientations de VDB, un des deux pratique bien sûr exclusivement en Maison Médicale.
    Le NHS semble inspirer VDB: multiplication des aides soignants , géographie des soins et des choix imposés sans oublier le travail au forfait ...
    A moyen terme, encore moins de jeunes médecins vont se sentir attirés par ce type de pratique et les plus de 60 ans partiront tous en retraite anticipée.
    Nous a t on demandé, nous la base, ce que nous souhaitions?non bien sûr, moins de paperasses en tout genre, moins de contraintes idiotes, une revalorisation des honoraires permettant des consultations intégrant prévention , télé suivi payé permettant du gain de temps, suppression des Bf chronophage...etc la liste est longue mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
    La plupart des MG font du bon boulot et nos patients nous sont très attachés, preuve s'il en faut que nos soins , intégrés dans ceux de nos confrères hospitaliers sont parmi les meilleurs du monde.
    Evidence de bon sens qui n'est pas la qualité de VDB.

  • Yves METENS

    01 décembre 2022

    la forfaitarisation de notre profession est sur les rails (le chronic care a pour but sa réalisation), le travail de l'infirmière sera réalisé par l'aide soignante (diminution du coût) , le travail du médecin (sera réalisé par l'infirmière ( diminution des coûts , puis forfait par pathologie ) , comme il va manquer de médecin , ce sera justifié et puis on forfaitarisera notre pratique ; un budget des soins de santé fermé , quel rêve pour nos décideurs ....mais à quel prix : qualité des soins...
    et quand tout sera forfaitarisé , on sera soumis aux aléas politico-financiers (crise bancaire , énergétique ,...) avec diminution des budgets décidés par nos chers politiciens ...
    l'hypocrisie poltique dans toute sa splendeur
    avec des élections toutes les 2 ou 4 ans , comment faire autrement ?

  • Etienne PONCELET

    01 décembre 2022

    Nos politiques n'ont pas pris la mesure du changement de mentalité (à juste titre) de nos jeunes confrères et consoeurs, de la féminisation de la médecine, du vieillissement de la population et de l'avancée de la médecine et de la technologie.
    A nombre équivalent de médecins , le nombre d'heures de prestation de soins diminuent , mais la demande de soins augmente. Nous allons en droite ligne vers une médecine à 2 vitesses . Il y a lieu aussi de revaloriser le salaire des infirmières et des technologues pour rendre ces métiers attractifs et pour aider les médecins à se concentrer sur des taches ne pouvant être déléguées .
    Il y a lieu également d'introduire une télémédecine rémunérée à sa juste valeur. Ce qui permettrait de libérer des plages de consultation et de remplir les RDV non honorés.
    E.Poncelet