Chaque 12 mai, la Journée internationale des infirmières rend hommage à Florence Nightingale, née en 1820, pionnière des soins infirmiers modernes. Bien avant l’heure, elle comprenait que la qualité des soins dépendait de l’observation rigoureuse, de l’analyse des données et de leur traduction en actions concrètes. Ses travaux ont jeté les bases d’une pratique fondée sur des preuves, une approche plus que jamais nécessaire.
En Belgique francophone, la recherche infirmière progresse mais reste encore trop peu valorisée. Comparés aux pays scandinaves, anglo-saxons ou d’Asie, où les infirmières sont reconnues comme des actrices clés de l’innovation en santé, nous accusons un certain retard. Pourtant, les initiatives se multiplient dans notre pays avec des études notamment sur la qualité de vie au travail, sur les pratiques cliniques, sur la formation ou encore sur la définition même des sciences infirmières. Ces recherches, portées par des équipes issues des Hautes Écoles et des Universités, produisent un savoir précieux. Mais leur financement reste souvent précaire et non structurel, et leur impact sur les politiques de santé publique, limité. Et pourtant, les données sont là.
Des rapports récents, comme ceux du KCE ou celui financé par le SPF Santé publique en 2025, donnent la parole aux infirmières de terrain (1,2). Plus de 5 500 professionnelles et professionnels y ont partagé leur expérience, leurs difficultés, leurs aspirations. Les recommandations sont claires sur l’attractivité, la rétention et l’avenir de la profession infirmière (3). Mais ces recommandations restent trop souvent lettre morte.
Il est temps que les décideurs politiques reconnaissent la recherche infirmière comme un levier d’action stratégique, au même titre que celle menée dans d’autres disciplines. Il est temps de faire confiance à celles et ceux qui, au plus près des patients, savent ce qui fonctionne et ce qui doit changer. Il est temps de cesser de parler de pénurie tout en ignorant les solutions qui existent, documentées, validées, applicables.
Utiliser les données des sciences infirmières pour améliorer les soins infirmiers, c’est non seulement améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients, mais aussi contribuer à revaloriser une profession essentielle, redonner du sens à l’engagement des soignants, et renforcer la robustesse de notre système de santé.
Cette Journée internationale des infirmières doit être l’occasion d’un signal fort : en Belgique aussi, la recherche infirmière mérite d’être entendue, soutenue, et ses résultats mis en pratique.