Lors de la présentation du document « Huisarts visie 2030 », Roel Van Giel, président de Domus Medica, n’a pas mâché ses mots sur la situation des MG. Selon lui, à court terme, la situation va probablement encore s’aggraver pour les généralistes. Et qu’une des causes réside dans le blocage au niveau de la concertation entre prestataires de soins et mutuelles.
Polyvalence médicale, soins personnalisés, travail d’équipe, santé publique et surtout envie de pratique caractériseront le généraliste en 2030. D’ici là le monde changera encore en profondeur et le médecin de famille devra s’adapter. De nouvelles manières de travailler, de nouveaux outils, de nouvelles attentes doivent être inventés pour la pratique quotidienne. Le document « Huisarts visie 2030 » ne décrit pas une finalité, ce n’est qu’un outil de travail.
Les difficultés rencontrées par les généralistes tiennent en une phrase : ils sont arrivés à leurs limites. De plus en plus de signaux indiquent que les patients n’arrivent plus à trouver un médecin. Il revient de plus en plus d’alertes provenant des services d’urgence et de la deuxième ligne, montrant que les patients n’arrivent plus à joindre directement leur médecin généraliste et consultent d’emblée la deuxième ligne.
Les généralistes ont le sentiment qu’ils ne sont pas entendus et que les problèmes auxquels ils sont quotidiennement confrontés ne sont pas pris en compte. Nous vous avons vraiment entendus et des dizaines de collaborateurs cherchent des solutions aux problèmes. La bonne communication avec les médecins généralistes reste une priorité pour Domus Medica.
La communication est souvent compliquée parce que les résultats n’arrivent qu’à petits pas et après des démarches longues est difficiles. Parfois même, on ne trouve pas de solution à l’Inami à cause de la complexité de l’institution ou en raison du protectionnisme des groupes professionnels, qui semble plus important que la solution des problèmes .
Dans certains cas, il n’y a pas de solution à court terme. Non, la suppression de l’examen d’entrée ne conduira pas automatiquement à une augmentation du nombre de généralistes, même si nous devons veiller à sélectionner les meilleurs médecins. Une hausse des revenus n’incitera pas non plus tous les étudiants de dernière année à choisir la médecine générale, même s’il faut revoir les honoraires de certaines spécialités. Non, il n’y a pas de forme de pratique qui soit meilleure qu’une autre.
D’abord une aggravation
La dure réalité est que la situation va d’abord commencer par s’aggraver. Jusqu’en 2026-2027 le nombre d’équivalents temps plein des généralistes va continuer à chuter malgré l’augmentation du flux. Nous devons chercher des solutions structurelles pour 2030 et des solutions d’urgence pour le court terme. Dans les années à venir, une proportion non négligeable de citoyens ne trouvera pas de médecin généraliste attitré. Nous ne pouvons pas laisser sur le carreau une partie de la population. Des solutions d’urgence existent déjà dans certaines localités.
Nous allons devoir garantir le droit aux soins pour les patients en même temps que le droit des médecins généralistes à une vie équilibrée. Nous voulons rester ces médecins de famille qui entament chaque jour leur travail avec l’envie de le faire.
Cela suppose une série de décisions fondamentales qui auraient dû être prises depuis des années. Ces décisions ne sont pas venues, en partie à cause d’un manque de courage politique mais en partie aussi à cause des blocages dans la concertation sociale entre les prestataires de soins et les mutuelles. Elles n’ont pas réussi à esquisser des grandes réformes et à préparer à l’avenir le secteur des soins.
Les chantiers sont nombreux
Former plus de médecins généralistes. Une augmentation des quotas telle qu’elle vient d’être décidée par le ministre Vandenbroucke, c’est bien. Mais elle ne produira des résultats que dans six à neuf ans. D’ici là, les sous-quotas devront être plus rigoureux, de sorte que moins d’étudiants puissent se spécialiser. Nous devrons reconvertir en médecins généralistes les spécialistes qui n’ont pas de travail. Et nous, en tant que généralistes, nous devons passer à l’action. Tous les étudiants doivent être mis en contact avec la médecine générale, ce qui signifie que le stage obligatoire doit être réintroduit. Les généralistes actifs sur le terrain devraient donc proposer plus de postes de stage aux universités.
Le soutien à la médecine générale. Une augmentation du nombre de généralistes ne résout pas tous les problèmes. Nous devons prendre en charge plus de patients par généraliste, ce qui implique que nous devons déléguer plus de tâches. Tous les types de pratique ont besoin d’aide administrative autant que d’une aide infirmière. Cette évolution peut être accélérée par l’élargissement du financement de type Impulseo et la création d’un nouveau groupe professionnel : les assistants de pratique. Il est important que les différents syndicats de médecins, lors des discussions budgétaires de 2023, osent enfin faire des choix clairs et que soit mis en place un financement pour des infirmières dans les cabinets de médecine générale. L’appel du terrain est criant.
Nouvelle infrastructure. La Flandre accorde actuellement des millions à de nouveaux grands hôpitaux, dont une partie se retrouvera vide dans 10 à 15 ans. Avec le développement de l’hospitalisation de jour et la durée décroissante des séjours hospitaliers, de moins en moins de patients resteront à l’hôpital. C’est mieux pour le patient mais cela engendre pour la première ligne une demande plus intense de suivi. La Flandre doit donc d’urgence mettre un arrêt à la mégalomanie hospitalière et avantager l’infrastructure pour les médecins généralistes. Les autorités locales peuvent mettre au point un plan d’aménagement de l’espace adapté et favorable aux cabinets de médecine générale, au lieu d’entraver les initiatives, comme c’est souvent le cas.
Un cahier des charges bien défini. Pour quel type de soins sommes-nous le premier point de contact ? C’est sur cette base que l’on peut également déléguer un certain nombre de tâches. Le cahier des charges doit être mis à jour de manière continue. Exemple : quel rôle nous revient dans l’hospitalisation à domicile ? Qui suit les patients branchés à des appareillages médicaux ?
Assurer une tournante dans les services de garde. Nous devons continuer à garantir les gardes si nous voulons maintenir notre position dans le paysage des soins de santé. Voici quelques règles qu’il est possible de mettre en place rapidement : le déploiement du 1733 sur tout le pays ; la priorité au tri de tous les patients avant qu’ils ne voient un service ou un poste de garde ; pratiquement toutes les zones en Flandre sont couvertes par un poste de garde mais le système doit être structuré davantage, par exemple pour la collaboration au cours des heures nocturnes. Des honoraires par heure de garde s’imposent, comme pour les confrères urgentistes.
Soutenir les cercles. Les cercles constituent un maillon incontournable dans de nombreux domaines. Dans la crise du COVID et la crise ukrainienne, ils ont démontré leur valeur de plaque tournante. Cela exige de la Flandre des investissements, au lieu des sempiternelles économies que l’on connaît.
Simplification administrative (voir aussi l’action des jeunes médecins néerlandophones) mais il faut bien reconnaître que toute initiative comportera, hélas, une partie administrative incontournable.
« Tout cela souligne l’importance du New Deal, qui a été développé dans 5 groupes de travail. »
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