Des protéines humaines utilisées au cours du processus de production du vaccin d'AstraZeneca pourraient être à l'origine des rares cas de formation de caillots sanguins associée à un faible taux de plaquettes, avance une équipe de chercheurs pilotée par le professeur Andreas Greinacher de l'université allemande de Greifswald. L'étude doit toutefois encore être évaluée par des pairs.
Basé sur un adénovirus modifié qui affecte habituellement les chimpanzés, le vaccin du laboratoire anglo-suédois est conçu à partir de cellules rénales embryonnaires humaines. Les chercheurs soutiennent que lorsque le vaccin est produit au moyen de ces cellules, des traces de protéines humaines subsistent. Ces traces pourraient expliquer pourquoi, dans des cas extrêmement rares, certaines personnes développent une thrombose et une thrombocytopénie à la suite de l'administration du vaccin. En d'autres mots, le problème ne se situerait pas au niveau de la particule virale, mais plutôt au niveau du processus de production de cette particule. Les chercheurs ne sont cependant pas encore en mesure de dire quelle protéine exactement pourrait être responsable de la mauvaise réaction au vaccin.
Si elle ne constitue pas la "solution ultime", l'étude est "un pas dans la bonne direction", affirme le vaccinologue gantois Geert Leroux-Roels. Un avis partagé par le virologue Johan Neyts, qui travaille lui-même sur un vaccin contre le coronavirus de l'Institut Rega de la KU Leuven.
M. Leroux-Roels a également constaté des différences de fréquence de ce type de réaction au Royaume-Uni et en Europe. "Ceci pourrait indiquer que des détails dans le processus de production agissent comme un facteur déclenchant", ajoute-t-il. Il serait, par conséquent, intéressant de comparer différents lots et sites de production du vaccin. Le vaccinologue suggère également la réalisation d'études comparatives entre les vaccins d'AstraZeneca, de Johnson Johnson, confrontés à des problèmes similaires, ainsi que le sérum russe Spoutnik V. Tous trois sont en effet basés sur la même technologie des vaccins à adénovirus.
AstraZeneca et Johnson Johnson œuvrent déjà ensemble afin d'identifier la cause de ces effets secondaires graves.