Une enquête auprès de 60 assistants MG et 15 maîtres de stage est en cours, sur instigation du CCFFMG, le Centre de coordination francophone pour la formation en médecine générale. Il s’agit de sonder le bon déroulement des stages, de voir si s’y invitent parfois harcèlement moral ou sexuel, pressions et conditions de travail abusives.
« C’est une démarche indépendante, inédite pour le secteur, que les départements universitaires en médecine générale ont soutenue », commente Denis Lambert, le secrétaire général du CCFFMG. « Les dérives en médecine générale sont moins spectaculaires que ce qui peut se passer dans le monde hospitalier. Toutefois, il faut voir dans la décision de réaliser cette enquête une reconnaissance du phénomène, même limité : oui, parfois, il peut y avoir des problèmes aussi dans la filière MG. »
L’opération est en cours depuis mai. « Elle se base sur un protocole d’enquête telle qu’en effectuent la médecine du travail ou les conseillers en prévention, pour déceler les risques psycho-sociaux dans l’environnement professionnel », indique Denis Lambert. « Qu’il ne s’agisse pas d’une étude interne, académique, est également une forme de reconnaissance : le secteur conçoit que tout ne peut pas se régler en vase clos, en son sein. La médecine est un milieu de travail comme un autre, même si elle possède assurément des spécificités. »
Au total, 60 assistants ont été tirés au sort, dans des catégories permettant de constituer un échantillon représentatif en termes d’année d’assistanat, de sexe, d’âge, de lieu géographique de stage… Chacun est convié à une heure de face-à-face avec les enquêteurs. « La majorité n’aura, en toute vraisemblance, rien de bien spécial à signaler », pronostique le secrétaire général. Mais dans le cas contraire, l’entrevue permettra à l’interviewé d’exprimer le ou les types de problèmes rencontrés, leur ampleur, ainsi que la perception qu’il a des solutions qui se présentent à lui. Après les futurs MG, ce seront les maîtres de stage, une quinzaine, qui seront entendus.
Le contexte de la double cohorte risque-t-il d’influencer les résultats ? « Cette situation particulière, avec une demande forte en places, fait qu’il y a des duos assistant-maître de stage qui se sont moins ‘choisis’ : l’appariement a parfois été moins mûri, plus aléatoire, qu’en temps normal. Raisonnablement, on peut s’attendre à un peu plus d’échos de stages qui ne se déroulent pas à merveille. D’autant que ce sont des oreilles externes, indépendantes, qui recueilleront les témoignages. Cela ‘anonymise’ l’échange et pourrait faire ‘remonter’ des plaintes qui n’auraient pas été exprimées autrement, car il y a toujours cette crainte de parler. » Pour le CCFFMG, l’expérience permettra de juger si les dispositifs existants pour régler les problèmes relationnels entre un jeune et son mentor sont suffisants.
Les résultats de l’opération sont attendus à la rentrée 2019. Ses éventuelles suites, par exemple l’adaptation des dispositifs formels pour rapporter un problème, interviendraient l’année suivante.
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