Le Collège de la médecine générale (CMG), qui regroupe dix organisations représentatives de la première ligne de soins, s’inquiète des orientations du « Plan global de prévention et de réinsertion des malades de longue durée » du gouvernement fédéral. Dans un communiqué publié vendredi, le CMG souligne que la médecine générale doit continuer à donner la priorité aux patients, pas aux contrôles.
L’organisation insiste sur l’importance d’un climat de confiance et de bienveillance dans la relation entre le médecin généraliste et son patient. « Le médecin doit pouvoir prendre ses décisions en toute indépendance, sans pression extérieure », avertit le CMG. Celui-ci déplore que certaines mesures récemment dévoilées semblent davantage animées par un esprit de suspicion que par une volonté réelle de prévention ou de soutien au bien-être au travail.
Le Collège estime que, dans la majorité des cas, les incapacités de longue durée sont liées à des situations médicales ou psychologiques incompatibles avec une activité professionnelle. Il rappelle que les généralistes sont confrontés à une grande diversité de situations sociales et sanitaires, et que leurs recommandations doivent rester adaptées à chaque patient.
Si la généralisation du certificat d’incapacité électronique peut contribuer à identifier certains abus, le CMG redoute qu’elle engendre un climat délétère, néfaste pour la qualité des soins et la relation thérapeutique. « Il faut éviter une chasse aux sorcières qui détournerait le médecin de son rôle premier : soigner », souligne encore le Collège.
Les médecins généralistes saluent toutefois l’instauration progressive de la plateforme TRIO, censée faciliter la collaboration entre médecins généralistes, médecins-conseils des mutualités et médecins du travail. Le CMG insiste cependant sur la nécessité de préserver strictement le secret médical et de garantir une séparation claire entre les équipes soignantes et les employeurs.
Enfin, le Collège appelle à un renforcement urgent du nombre de médecins-conseils et de médecins du travail. Il prévient que la médecine générale, déjà en souffrance face à une pénurie de professionnels, ne pourra assumer seule le surcroît de charge induit par les nouvelles mesures gouvernementales.
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