Le GBO/Cartel se dit profondément préoccupé par les nouvelles mesures liées au retour au travail des malades de longue durée, adoptées vendredi en Conseil des ministres. Dans un communiqué diffusé lundi, il dénonce une réforme « coercitive » qui stigmatise à la fois les patients et les médecins.
Selon le GBO/Cartel, l’« accord de Pâques » validé par le gouvernement fédéral s’inscrit dans le prolongement du plan ReAT (Retour au Travail) mais marque un tournant inquiétant. « Le gouvernement Arizona semble vouloir surtout mettre en œuvre une politique de suspicion, de contrôle et de sanction, tant envers les patients qu’envers les médecins généralistes et spécialistes », affirme-t-il.
Le syndicat regrette que cette réforme, pourtant présentée comme un levier de réinsertion, ne s’accompagne d’aucune mesure structurelle visant à améliorer les conditions de travail. Il pointe l’absence d’initiatives concrètes pour prévenir les troubles musculosquelettiques ou les problèmes de santé mentale, principaux motifs d’incapacité de longue durée. « Ce n’est pas en menaçant et en stigmatisant que l’on fera revenir durablement les travailleurs malades sur le chemin de l’emploi », déclare le GBO/Cartel, qui appelle à « construire une politique de retour au travail réellement humaine, concertée et centrée sur les causes ».
Le syndicat dénonce également l’instauration d’un point de contact pour les employeurs suspectant des certificats médicaux frauduleux. Il y voit une incitation à la délation. « La dénonciation et la délation, procédés sordides en usage sous des régimes très éloignés des démocraties, risquent de décrédibiliser et de pénaliser des médecins soucieux d’exercer leur art dans le respect des règles d’éthique et de déontologie. »
Quant au rôle accru confié au médecin traitant, notamment l’obligation de basculer d’un certificat d’incapacité à un certificat d’aptitude, le GBO/Cartel estime qu’il s’agit d’un « vœu pieux, difficile à mettre en œuvre ». Il souligne que les médecins manquent d’informations sur les conditions de travail réelles des patients et que les possibilités d’aménagement de poste restent rares. Le syndicat appelle toutefois à renforcer la formation des médecins sur leurs responsabilités sociales, ainsi que sur l’usage déontologique et technique de la future plateforme TRIO.
Le recours annoncé à des techniques de data mining pour détecter les « médecins outliers » suscite aussi de fortes réserves. Le GBO/Cartel s’interroge sur les critères retenus, sur les modalités de contrôle, et sur la capacité du Service d’évaluation et de contrôle médicaux à assumer cette charge supplémentaire. Il craint que des médecins travaillant en zones précaires ne soient pénalisés pour avoir délivré des certificats justifiés. « Le risque est grand d’un désengagement de ces prestataires vis-à-vis de ces patients en grandes difficultés. »
Enfin, le syndicat déplore une réforme imposée sans dialogue avec les médecins. « Une fois de plus, il s’agit d’une réforme top-down imposée sans dialogue préalable avec les représentants des médecins, pourtant directement concernés », affirme-t-il. Il se dit toutefois prêt à collaborer avec le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, « pour étudier dans quelle mesure la profession pourrait remplir son rôle de responsabilité sociétale en matière de santé au travail ».