CMG: "Il était évident qu’il fallait s’allier" (Dr Anne Gillet)

Le Dr Anne Gillet vient de terminer son mandat de deux ans en tant que présidente du Collège de Médecine Générale (CMG). Elle dresse pour nous le bilan de ce mandat. Son leitmotiv est simple et fort : dans la défense de la médecine générale, la collaboration de toutes les parties concernées renforce et rend plus efficace l’action commune. Au-delà des divergences, il existe des convergences qu’il faut mettre en commun.

Lorsque j’étais présidente du GBO, j’ai durement constaté la difficulté à défendre la médecine générale dans la partie francophone de notre pays. La situation s’est encore aggravée dans le contexte actuel où nous devons traiter avec des ministres néerlandophones. Au cours de son mandat, le ministre Vandenbroucke s’est montré très à l’écoute de ce que dit Domus Medica, mais trop peu de ce que dit la partie francophone du pays. Cependant, Domus n’englobe pas l’ensemble des représentations des généralistes néerlandophones. Ni la branche « généralistes » de la BVAS (ABSyM), ni la branche ASGB (Algemeen Syndicaat) du Kartel n’y sont associées.

Dans le Collège, par contre, toutes les formations concernées par la médecine générale francophone sont intégrées : non seulement les syndicats, mais aussi la SSMG, les cercles, les centres universitaires de médecine générale et l’AMGF. Cela donne du poids pour forcer les portes de la discussion avec les autorités.

Il était évident qu’il fallait s’allier. Certes, les formations peuvent avoir des avis divergents sur certaines questions, mais il existe aussi des points de convergence sur lesquels l’alliance apporte force et efficacité dans les négociations. De surcroît, cela permet des économies de ressources humaines. Les généralistes néerlandophones sont plus nombreux que nous. Cela leur donne plus de bras disponibles pour les différentes tâches ainsi que plus de moyens logistiques et financiers. Quoi qu’il en soit, nous sommes parvenus à nous unir du côté francophone, et c’est pour moi un sujet de grande satisfaction.

Un premier aspect de notre bilan est d’avoir ouvert la voie à une répartition plus équitable des jeunes forces de travail en médecine générale sur le territoire francophone. Par exemple, nous nous dirigeons vers une plus grande présence des généralistes en formation dans les zones rurales ou en pénurie. Le constat d’un grand besoin en la matière s’impose de plus en plus. Cette idée a connu un regain de vitalité cette année avec des propositions faites par le CMG au CCFFMG (Centre de Coordination Francophone pour la Formation en Médecine Générale) pour la répartition des stages. Déjà, il y a quelques années, il s’agissait d’une idée de travail collectif sur ces sujets transversaux, alors que ce qui n’était encore qu’une coupole de collaboration n’était pas encore devenu le Collège que nous connaissons aujourd’hui.

À quelque chose malheur est bon. C’est en réalité la crise du COVID qui a renforcé la maturité du travail en groupe et boosté littéralement la formation du Collège. Le CMG, sous l’impulsion de mes prédécesseurs, a dû trouver des réponses à toute une série de questions nouvelles posées par une épidémie d’un type inédit. Sous la direction de la docteure Isabelle Dagneaux, le CMG a réalisé cette année le bilan de notre action lors de cette crise, mettant en lumière les forces et faiblesses de notre profession du côté francophone et du système de soins de santé belge en général.

Le Collège peut également s’enorgueillir de son travail concernant l’organisation des gardes en médecine générale. Il existait dans le passé un groupe de travail au CNMM sur cette question, mais ce groupe avait été démantelé par Maggie De Block. Fin 2023, le CMG a envoyé une lettre de revendications communes à la Commission Nationale Médico-Mutuelliste avant la signature de l’accord. Cela a permis au GBO, aidé de l’ABSyM, d’obtenir la restauration de ce groupe de travail pour mettre au point la revalorisation des honoraires de garde.

En juin dernier, une proposition très structurée de valorisation des honoraires en gardes a été élaborée en commun par l’ensemble des cercles et des syndicats francophones. Encore une œuvre collective. C’est d’ailleurs le Dr Guy Delrée, président de la FAGW (Fédération des Associations de Généralistes de la Région Wallonne), qui a présenté le projet en commission médico-mutualiste. C’était la première fois qu’un représentant des cercles prenait la parole en Médico-Mut.

Cet événement a marqué les esprits, au point que le groupe de travail, démantelé jadis et réactivé aujourd’hui, a reçu le mandat de poursuivre le travail sur la base de ces propositions. On mesure l’impact de cette avancée quand on se souvient qu’une révision des honoraires de disponibilité avait été promise il y a dix ans sans jamais voir le jour.

À propos de la garde, une vaste enquête est en cours pour connaître la perception des généralistes francophones. Lancée par le Collège, l’idée a été mise en œuvre par le CAMG de l’UCL. Le nombre de réponses déjà reçues est impressionnant. Cela démontre que le besoin de la base de s’exprimer sur la question est criant. Le fait que ce soit une idée collective, menée à bien par une université, confère une fiabilité à la démarche et explique sans doute en partie le nombre élevé de réponses.

Le travail réalisé à la CASU (Cellule d'Appui Scientifique et Universitaire) du CMG est également exemplaire. Il vise à promouvoir et soutenir la recherche en médecine générale. Les réunions y sont de plus en plus productives, dans un climat convivial. Je tiens ici à rendre hommage au travail accompli par la Dr Isabelle Dagneaux au sein de la CASU.

Il faudrait encore citer d’autres projets montrant l’efficacité de la démarche collégiale. Deux exemples : vis-à-vis de la Complan, d’une part, la revendication entendue de pérenniser la répartition des sous-quotas avec au moins 50 % de MG ; vis-à-vis des représentants des pédiatres, d’autre part, l’établissement d’une vision commune pour faire reconnaître les soins de pédiatrie générale prodigués par les MG.

L’esprit de collaboration « en externe » ne pourrait toutefois pas s’exprimer pleinement s’il n’existait pas « en interne » une solide mentalité de groupe. À ce titre, je tiens à remercier chaleureusement Denis Lambert, Hélène Ghislain et Isabelle Dagneaux pour le travail coopératif et efficace au sein de l’équipe du CMG, ainsi que Didier Giet et Christophe Barbut pour leur collaboration au sein du bureau.

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Derniers commentaires

  • Michel DELBROUCK

    12 aout 2024

    Mille mercis à Anne
    Michel Delbrouck