«Il faut donner aux pharmaciens une place claire» (Marleen Haems - VAN)

«En cette période électorale, nous réfléchissons plus que jamais à la manière dont les soins de santé devront être organisés dans les années à venir. Le secteur est confronté à des défis majeurs, en raison du vieillissement de la population, des longs délais d’attente, de l’immobilisation des patients et de la surcharge de travail des prestataires de soins de santé. Les soins sont donc devenus moins accessibles qu’auparavant. Cette disponibilité réduite des soins est mal perçue par les citoyens», analyse Marleen Haems, directrice générale du Réseau flamand des pharmaciens (VAN, Vlaams Apothekers Netwerk).

«Pour répondre aux besoins, il faut que toutes les parties prenantes apportent leur contribution et que les conditions nécessaires à des soins plus efficaces soient créées. La prévention est importante non seulement pour les gains de santé, mais aussi pour maîtriser la charge des soins. En outre, il faut agir au niveau de la population pour améliorer la santé globale et répondre aux besoins en matière de santé publique. Cette gestion aborde les questions de santé à différents niveaux, depuis les soins individuels jusqu’aux interventions de grande envergure, et depuis la prévention jusqu’aux soins chroniques.»

«Tous les prestataires de soins de santé, oui, vraiment tous ceux qui peuvent contribuer, sont importants pour relever ces grands défis.»

Une accessibilité unique

«Les pharmaciens jouent un rôle de plus en plus visible dans la société, ce qui n’est pas surprenant. La pharmacie flamande se caractérise par une accessibilité unique. Pour la grande majorité de la population, une pharmacie est accessible en moins de cinq minutes. Les pharmacies sont toujours ouvertes, il n’y a pas de restrictions de patients, il n’est pas nécessaire de prendre rendez-vous et il suffit d’entrer. Elles jouent donc un rôle de soutien dans les soins surchargés, tant pour les citoyens que pour les autres prestataires de soins de santé.»

«Le système doit également être plus efficace. Prenons l’exemple du dépistage du cancer du col de l’utérus, du sein ou du côlon: environ un tiers de la population n’est pas atteinte par ces dépistages. Les citoyens les moins accessibles, dont le statut socio-économique est moins élevé, sont particulièrement touchés par des pathologies telles que les cancers, ce qui accroît la charge et les coûts des soins de santé. En impliquant les pharmaciens dans les programmes de dépistage de la population, il est possible d’augmenter de manière significative le nombre de personnes touchées.»

«Il en va de même pour d’autres programmes de dépistage, comme celui du diabète de type II, pour lequel un patient sur trois ne sait pas qu’il est atteint de cette maladie. Cette proportion d’“ignorants” est constante depuis des années. Il est temps de prévoir un accès plus aisé à ce dépistage, par exemple par l’intermédiaire du pharmacien. Les personnes âgées de 50 ans et plus et les personnes souffrant de maladies chroniques se rendent en moyenne 2,5 fois plus souvent chez le pharmacien que chez le médecin généraliste. C’est pourquoi, en collaboration avec d’autres prestataires de soins primaires, il faut donner aux pharmaciens une place claire pour atteindre plus de citoyens, créer plus de gains de santé, réduire la charge des soins et les coûts dus aux maladies chroniques graves.»

Suivi de médication

«Le pharmacien de proximité joue un rôle important et central dans le suivi de médication. Il contribue à renforcer l’autogestion de l’utilisation des médicaments, à garantir l’utilisation sûre et efficace des médicaments en phase aiguë, à assurer la coordination des soins médicamenteux pour les personnes souffrant de maladies chroniques et dans les situations à haut risque, comme avant et après une hospitalisation ou lors de l’admission dans un établissement d’aide à la vie autonome. Cela fait de lui un maillon essentiel d’un système de coordination des soins et de gestion de la population. Il se concentre sur l’optimisation en concertation avec le médecin, l’équipe qui entoure le patient et l’aidant informel. Dans les zones flamandes de soins primaires et leurs comités de soins, un pas dans la bonne direction a été fait dans ce sens, mais d’autres développements sont nécessaires.»

« Dans cette société qui évolue rapidement, la science fait de grands progrès et de nouveaux traitements sont mis au point. Les nouvelles technologies, y compris l’IA, offrent également de nombreuses possibilités. Mais pour obtenir l’effet escompté, il manque un élément important: un dossier patient performant et partagé, incluant le schéma thérapeutique, à travers les différents parcours de soins.»

«La Flandre était autrefois un précurseur dans ce domaine, mais nous sommes aujourd’hui à la traîne. Le dossier partagé existant est limité et ne répond pas aux besoins actuels de coopération harmonieuse dans un dossier patient unique. Les médecins, les pharmaciens, les infirmières et les hôpitaux ne peuvent pas transférer efficacement les données relatives aux médicaments d’un patient par voie numérique. Par conséquent, ils prennent même l’initiative, dans certains cas, de travailler à nouveau avec un crayon et du papier (en 2024 !). Cela entraîne des erreurs, des données incomplètes, des interruptions de traitement et ne permet pas de suivre le traitement médicamenteux. La proportion de patients qui subissent des dommages de ce fait reste trop élevée. Récemment, les droits d’accès par intervenant ont été affinés, mais leur application se fait encore attendre.»

«Comment réaliser de nouvelles applications technologiques – avec ou sans IA – si l’outil numérique le plus essentiel dans les soins de santé fait toujours défaut ? Il faut du courage politique et de la détermination pour fixer une ligne claire et un point final de réalisation dans ce domaine complexe. Et faire tout ce qui est possible pour mettre en œuvre ce plan. Je salue l’homme politique qui fixera le moment de l’atterrissage et s’y tiendra. Le secteur des soins de santé en a besoin. Le patient aussi.

«Lors de nombreuses conférences publiques, je constate régulièrement à quel point les gens trouvent incompréhensible que cela n’ait pas encore été réalisé. Combien de fois les gens disent: “Mon médecin généraliste ou mon pharmacien voit cela dans son ordinateur”. Mais non, en fait… ils ne le voient pas. Ils ne voient pas de dossier partagé performant».

«Il est temps de s’attaquer à ce problème de manière résolue».

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