Une carte blanche du Dr Kevin Pirotte, généraliste depuis 6 ans à Seraing et administrateur du GBO/Cartel, met en lumière les difficultés croissantes rencontrées par les jeunes médecins généralistes en Belgique. Entre surcharge de travail, manque de soutien et responsabilités précoces, ces professionnels de santé sont confrontés à des défis majeurs qui menacent leur équilibre professionnel.
En Belgique, la responsabilité des médecins généralistes est de plus en plus difficile à assumer pour les jeunes professionnels qui entrent dans la carrière. Confrontés à une charge de travail croissante, à des défis structurels et à un sentiment de pression permanente, de nombreux jeunes médecins remettent en question leur engagement dans cette voie. Le GBO/Cartel, à travers ses 10 priorités, s’efforce de répondre à ces préoccupations pour rendre la profession plus durable et attractive.
La pénurie et la surcharge de travail : un frein à la vocation ?
Le sentiment de surcharge est omniprésent chez les jeunes médecins généralistes. En raison de la pénurie de médecins de famille en Belgique, ces derniers se retrouvent souvent seuls à gérer des cabinets avec des files de patients de plus en plus longues. Beaucoup ressentent une pression constante, jonglant entre consultations médicales, tâches administratives et soins non programmés. Ce rythme effréné laisse peu de place à une véritable qualité de vie professionnelle. Les jeunes médecins se disent épuisés avant même d’avoir pu réellement s’épanouir dans leur métier. Certains regrettent même leur choix de spécialité, citant un manque de soutien et une trop grande solitude dans leur pratique. Ce phénomène entraîne un épuisement professionnel prématuré.
Pour le GBO/Cartel, une des priorités est de réduire la surcharge de travail, en encourageant des politiques visant à accroître le nombre de généralistes formés et à faciliter leur installation dans des zones sous-dotées grâce à des incitations financières et des aides politiques locales.
Trop de responsabilités, trop tôt et trop vite : un manque de soutien !
De nombreux jeunes médecins généralistes expriment le sentiment d’être submergés par des responsabilités disproportionnées dès leur entrée en fonction (assistanat de médecine générale et première année de pratique en tant que titulaire). Beaucoup d’entre eux doivent gérer des cabinets presque en autonomie, avec peu de mentors ou de ressources disponibles pour les soutenir dans leur pratique quotidienne. Ce manque de guidance et l’isolement ressenti par certains les poussent à douter de leur capacité à offrir des soins de qualité, tout en menant une carrière équilibrée.
Cette surcharge est exacerbée par les exigences élevées des patients, qui souhaitent un accès rapide aux soins, tout en étant souvent confrontés à des délais allongés en raison de la pénurie de praticiens. Ainsi, le jeune médecin se retrouve non seulement en première ligne face aux problèmes de santé, mais aussi face à la frustration des patients, créant un stress supplémentaire.
Le GBO/Cartel se positionne pour une meilleure intégration des soins, qu’ils soient pratiqués de manière pluridisciplinaire dans un seul lieu et/ou en réseau avec d’autres prestataires, ce qui permet de répartir la charge de travail et favorise également une meilleure prise en charge des patients, soulageant ainsi la pression sur les praticiens individuels.
Les pistes à promouvoir : un changement nécessaire pour les nouvelles générations de médecins généralistes en Belgique
Pour répondre aux préoccupations des jeunes médecins, le GBO/Cartel propose plusieurs pistes de réflexion qui peuvent être envisagées pour améliorer leur quotidien et rendre la profession plus attractive :
- Encourager le mentorat et la collaboration : Il est essentiel de renforcer le mentorat des jeunes médecins généralistes pour qu’ils puissent se sentir soutenus et moins isolés. La création de réseaux de collaboration entre praticiens expérimentés et jeunes médecins permet un échange d’expérience et de savoir-faire, tout en réduisant la charge de responsabilités individuelles.
- Réduire la charge administrative : Une des plaintes majeures des jeunes médecins est la surcharge administrative, qui occupe une grande partie de leur temps. Des solutions technologiques comme la numérisation accrue des dossiers médicaux et la délégation à du personnel administratif qualifié pourraient les soulager et leur permettre de se concentrer sur le soin aux patients.
- Favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle : L’une des priorités pour attirer et fidéliser les jeunes médecins généralistes est de créer un environnement de travail qui permette un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Il s’agit de revoir les horaires et de mettre en place des structures facilitant la pratique partagée ou à temps partiel, de manière soutenable en matière de revenus.
- Valoriser financièrement la médecine générale : Soutenir les revenus des généralistes, particulièrement en début de carrière, permettrait de compenser la dureté du travail. En outre, les primes et incitations spécifiques pour ceux qui choisissent de s’installer dans des zones sous-desservies doivent être renforcées.
En conclusion, la responsabilité du médecin généraliste en Belgique, telle que ressentie par les jeunes médecins, est marquée par des défis importants, liés à la pénurie de praticiens et à une surcharge de travail pesante. Ces difficultés peuvent décourager certains d’entre eux ou entraîner un épuisement précoce. Néanmoins, en promouvant des réformes structurelles telles que le soutien professionnel, la réduction des tâches administratives et une meilleure qualité de vie au travail, il est possible de redonner à la profession de médecin généraliste l’attractivité et l’épanouissement qu’elle mérite. Les valeurs du GBO/Cartel sont une boussole précieuse pour imaginer un avenir où les jeunes médecins pourront exercer dans de meilleures conditions, au service des patients, mais aussi de leur propre bien-être.