Encore quelques heures et la ministre de la santé en Wallonie, Alda Greoli, cdH, passera la main à un ou une collègue. Au moment du bilan, elle aspire à des changements en profondeur dans le domaine de soins de santé dans ce monde en transformation.
« Que l’on soit médecin, mutuelliste ou responsable politique, on doit avoir comme priorité d’améliorer l’état de santé de la population. Je rappelle qu’au début du mandat de Maxime Prévot et puis du mien, la priorité était d’implémenter au mieux la 6eme réforme de l’Etat. Les acteurs de la santé avaient une véritable crainte à ce niveau. Nous avons pu agir pour rassurer. » Au fil de son mandat, elle reconnaît avoir eu « de très bonnes relations avec les médecins. »
Mieux soigner chaque belge
Toutefois, les chantiers à venir ne manquent pas : « Je le constate dans de nombreux dossiers. Il faut aujourd’hui un système d’évaluation des politiques de soins de santé comme je l’ai mis en application pour les politiques de prévention en Région wallonne. Les indicateurs permettent de mener de meilleures politiques. » Pour elle, cette démarche est indispensable pour la santé de chacun : « Aujourd’hui, au niveau intermutualiste, des programmes ont été développés pour croiser des données qui permettent de développer une meilleure prévention par quartier. C’est cela l’enjeu des 5 prochaines années : plus d’individualisation par de la médecine prédictive. Cela va permettre un meilleur accompagnement et une meilleure prévention. Toute la population pourra avoir une meilleure santé, chacun à son niveau. Rien ne l’interdit. Une amélioration de notre système à ce niveau consoliderait la sécurité sociale et éviterait une dualisation des secteurs. » Elle va plus loin : « Médecins, infirmiers et assistants sociaux sur le terrain font un travail très important pour réduire les inégalités. C’est là que le travail doit se passer parce qu’on ne peut pas tout demander à l’école.»
Travailler ensemble et avoir une vision
Cette vision n’est-elle pas utopiste ? « Les politiques, les fédérations hospitalières et les syndicats de médecins doivent travailler ensemble. Ils doivent aussi développer une vraie vision des soins de santé sans penser chacun dans leur coin. L’amélioration de la santé de tous serait leur priorité. Même chose pour les 8 ministres de la santé qui doivent dépasser leur petite tension et peser sur la politique européenne de santé.» Elle affirme sa crainte principale : « Si on ne travaille pas ensemble, on risque vraiment une dualisation de la santé » Devant ces défis, elle pense parfois à la refédéralisation des soins de santé ? « Je ne serai pas choquée mais il y a très peu de chance que cela se fasse. »
Une bonne tuyauterie réalisée
Au niveau wallon, elle estime avoir avancé à ce niveau : « En Wallonie, les secteurs collaborent mieux. Nous avons très bien travaillé avec le réseau santé wallon et avec l’Aviq. Nous nous sommes occupés de la tuyauterie de soins de santé et tout est en ordre. A présent, les personnes doivent apprendre à se faire confiance et à poursuivre le développement. »
Les arbitrages hospitaliers
Le débat sur les réseaux hospitaliers n’est pas encore abouti en Wallonie : « Les réseaux hospitaliers devront évidemment faire l’objet encore de certains arbitrages. Lorsque je vois que deux réseaux se disputent un hôpital, tout n’est pas encore parfait. Mais à Bruxelles aussi, il y a encore un travail à mener parce que je ne pense pas qu’un hôpital va être coupé de son université. La priorité est de respecter la liberté du choix du patient parce que la liberté de choix thérapeutique du médecin est liée. » Par ailleurs, elle se veut rassurante pour le financement des travaux hospitaliers : « On a tracé une trajectoire budgétaire soutenable et déconsolidée. Il est donc possible d’investir les 2.3 milliards pour remettre en état notre parc vieillissant. »
La fin des intercommunales hospitalières ?
Récemment la mauvaise gestion de l’ISPPC à Charleroi a remis au centre des débats la gestion des intercommunales hospitalières. Pour Alda Greoli, on peut faire des choix très clairs à ce sujet : « Je crois qu’il est temps de se poser la question des intercommunales hospitalières. Je suis plutôt favorable à des asbl avec un pouvoir public associé. Ce n’est pas que je sois contre les intercommunales, mais si on veut que nos hôpitaux évoluent, il faut réformer. Ce n’est pas parce que le pouvoir public se trouve dans une gestion hospitalière que cela doit être tranché de manière politicienne. »
La formation continue en médecine scolaire
Le secteur était en crise. La médecine scolaire a repris des couleurs ses derniers mois : « Nous avons pu permettre aux médecins scolaires de retrouver un financement et un cadre de travail de qualité. Je crois que l’on peut encore faire des efforts en matière de formation continuée des médecins. Il faut augmenter le lien entre le bien-être au travail ou à l’école, la qualité de vie et la santé. Le médecin scolaire ou du travail doit voir son rôle de prévention renforcé. »
Ne pas toucher à l’assurance autonomie
Sa crainte est de voir l’assurance autonomie détricotée : « Notre réforme a été transversale avec l’augmentation des places en maison de repos (12.000 places en 2030) , l’assurance autonomie (2500 emplois d’aide à domicile)….nous allons permettre aux personnes de rester plus longtemps à domicile. J’espère que le futur ministre de la santé ne va pas tout détricoter. Cela n’aurait pas de sens. »
La gratuité ne résout rien
Pour elle, l’accessibilité aux soins de santé est plus importante que son prix. « La gratuité ne résout pas tout en santé. Nous avons pu le voir avec les soins dentaires gratuits pour les 0-18 ans et aussi pour le dépistage du cancer du sein. La gratuité a augmenté l’écart. La gratuité ne suffit pas à résoudre un problème de santé. La question majeure est celle de l’accessibilité et c’est pour cela que les responsables politiques qui promettent la gratuité n’apportent pas de solution durable. »