Le Premier ministre en affaires courantes Alexander De Croo (Open Vld) et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) ont publiquement affiché leur divergence quant à la marche à suivre pour établir le budget des soins de santé pour l'année 2025, jeudi en séance plénière de la Chambre.
Pour le libéral, l'approbation de ce budget et des réformes qui y sont liées "n'incombe pas à un gouvernement démissionnaire". À l'inverse, le socialiste a assuré qu'il continuerait "à insister" auprès de ses collègues en affaires courantes pour "que l'on décide aussi vite que possible."
Le budget de l'Institut National de l'Assurance Maladie Invalidité (Inami), soit l'assurance santé, était à l'ordre du jour d'un conseil des ministres restreint (kern) lundi soir. Le gouvernement sortant n'a pas tranché le point. Une nouvelle réunion sur le sujet aura lieu le 9 décembre si les partis qui négocient la future coalition Arizona n'arrivaient pas à s'accorder d'ici là. Le formateur Bart De Wever reçoit donc un délai supplémentaire pour régler cette question.
Depuis fin octobre, le conseil général de l'Inami n'est pas en mesure de prendre de décision sur son budget 2025 négocié par les mutuelles et les prestataires de soin, en l'absence d'approbation du pouvoir exécutif. Au sein du gouvernement sortant, l'Open Vld a refusé d'approuver celui-ci tandis que le MR s'est abstenu.
Le sujet est revenu jeudi à la Chambre. Signe de la divergence entre les deux ministres, ceux-ci ont répondu séparément aux questions des députés. "Semer la panique est tout à fait injustifié et irresponsable", a lancé Alexander De Croo, rappelant qu'en 2011, le gouvernement Di Rupo fraichement installé avait approuvé le budget de l'Inami le 12 décembre. "Il est normal que le gouvernement sortant donne de la place au futur gouvernement", a-t-il estimé.
Cette position a été appuyée par le Dr Daniel Bacquelaine (MR). "Il n'est évidemment pas acceptable de fixer un quart du budget (fédéral) en faisant l'abstraction d'un gouvernement qui s'appuie sur une nouvelle majorité. Même dans une commune, on ne fait pas ça", a-t-il observé.
Frank Vandenbroucke, également négociateur de l'Arizona, a rétorqué qu'il n'existait aucun accord à ce sujet au sein de la coalition en cours de formation. "Nous devons approuver le budget dans les meilleurs délais", a-t-il insisté. Cette position a été appuyée par Caroline Désir. La députée PS a critiqué la position du Premier ministre, prise "sans avoir consulté les partenaires."
Dans l'opposition, on compte les points et on s'inquiète. Le PTB entend faire valider le budget établi par Conseil général de l'Inami via une proposition de loi. Sofie Merckx a évoqué "une situation dangereuse où les soins risquent d'être pris en porte-à-faux. "Non, on ne peut pas attendre le 12 décembre", a pressé François De Smet (DéFI). "Je n'ai pas voté la confiance en un gouvernement Arizona. Soit il y a un gouvernement, soit il n'y en a pas."