300 médecins étrangers ont commencé une grève de la faim ces 8 et 9 mars en France. Le mouvement de protestation se durcit alors que les médecins non originaires de l’UE dénoncent leurs conditions de travail. Ils sont actuellement 7 000 soignants en situation irrégulière.
Dans un premier temps, 300 médecins étrangers pratiquant en France ont prévu d’entamer une grève de la faim pour demander une régularisation de leur situation. Les médecins Padhue, ces praticiens diplômés hors Union européenne, sont prêts à tout pour voir leur situation régularisée en France. Depuis janvier 2025, la colère est montée d’un cran lorsqu’ils ont constaté la suppression de 700 postes sur les 4 000 annoncés à l’issue des résultats des épreuves de vérification des connaissances (EVC), concours permettant d’accéder, au terme de deux années complémentaires, à l’Ordre des médecins.
« On tient à bout de bras les hôpitaux depuis des années. Le président de la République avait promis de sortir les Padhue de leur précarité. Nous n’avons rien eu », s’émeut le Dr Abdelhalim Bensaidi, vice-président de l’association Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc), qui travaille au service de diabétologie de l’hôpital Max Forestier de Nanterre.
Ces praticiens venus de l’étranger, essentiellement d’Algérie, de Tunisie, de Syrie, du Maroc et du Liban, sont particulièrement présents dans les hôpitaux d’Île-de-France. Selon l’Ordre national des médecins, 38 % des soignants franciliens inscrits à l’Ordre des médecins sont d’anciens Padhue. Ils sont 11 % dans les Hauts-de-Seine, 21 % en Seine-Saint-Denis, 16 % dans le Val-de-Marne et 6,7 % à Paris.
Pas la même situation en Belgique
Le Pr Christian Melot, vice-président de l’Ordre des médecins, souligne que la situation est très différente en Belgique : « En France, ils sont reconnus pour 13 mois et doivent ensuite réaliser un renouvellement et un contrôle des connaissances. Le système est différent en Belgique. Chez nous, le Conseil supérieur des médecins généralistes et spécialistes vérifie les diplômes, les contrôles... et ils sont reconnus comme médecins. Ce sont ensuite les Commissions d’agrément des Communautés qui reconnaissent les spécialités. »
Par ailleurs, le Conseil de l’Ordre des médecins transmet le dossier à l’Inami, qui octroie un numéro Inami pour valider le diplôme de base : un triple 000. « Après, en Belgique, il faut entamer une spécialisation, y compris pour la médecine générale. En réalité, chez nous, quand le médecin étranger est inscrit à l’Ordre, il est médecin. S’il veut faire une spécialisation, il doit passer devant les Commissions d’agrément, qui vont évaluer ses connaissances et ses formations. Ces commissions peuvent lui demander de suivre certains cours sur notre système de santé, comme une formation en médecine d’urgence ou en médecine interne, par exemple. Elles peuvent également exiger qu’il complète sa formation par un cursus de 3 à 5 ans dans une Faculté de médecine. S’il ne va pas au bout de sa formation, ces médecins retombent sous le code triple 000. »
Actuellement, plus de 2 440 médecins ont un code triple 000. Parmi eux, 1 415 ont un diplôme de base belge et 1 025 un diplôme étranger.
Pour rappel, le nombre de médecins étrangers travaillant en Belgique a doublé en 11 ans, atteignant plus de 10 000. Au début des années 2000, seuls 4 médecins sur 100 étaient formés à l’étranger. Ils sont désormais 14 sur 100, provenant de France, des Pays-Bas, de Roumanie, d’Europe de l’Est, du Sud et d’Afrique.