Journée mondiale du médecin généraliste : Hommage à une profession en tension (GBO)

À l’occasion de la Journée mondiale du médecin généraliste, le GBO/Cartel célèbre la profession en publiant un message fort, mêlant reconnaissance, colère et appels à l’unité. Alors que la première ligne médicale fait face à des pénuries et à une pression croissante, le syndicat plaide pour une revalorisation concrète du rôle des généralistes, considérés comme les « véritables piliers » du système de soins.

« Les médecins généralistes sont les stars des soins de santé. Non pas parce qu’ils brillent sous les projecteurs, mais parce qu’ils illuminent chaque jour le chemin des patients », déclare le GBO/Cartel dans un flash info diffusé lundi. « Ils sont la pierre angulaire d’un système de soins efficace, humain et durable, tant au niveau économique qu’écologique. »

Une étoile silencieuse dans un système à bout de souffle

Le Dr Lawrence Cuvelier rappelle que les généralistes interviennent à chaque étape de la vie, entre soins programmés et urgences, prévention et accompagnement en fin de vie. « Ils améliorent la santé publique, allongent l’espérance de vie, réduisent les hospitalisations, privilégient la prévention, réduisent les inégalités et les coûts. Et surtout, ils tissent une relation humaine et durable avec leurs patients », écrit-il, citant le Dr Florian Stigler qui les qualifiait de « stars silencieuses de la médecine moderne ».

Pourtant, ce rôle central reste trop souvent « sous-estimé, sous-financé, parfois fragilisé », déplore le GBO/Cartel. Le syndicat salue cependant un « changement de paradigme » en cours à l’INAMI, avec une nouvelle stratégie fédérale qui place enfin la première ligne au cœur des priorités pour 2025-2030. « Ce n’est pas une mise à l’écart des hôpitaux, mais un rééquilibrage », confirme Mickaël Daubie, directeur général du service Soins de santé de l’INAMI.

Une médecine en colère face aux injustices

La Dre Amélie Cuvelier, elle, livre un témoignage poignant sur l’épuisement des généralistes face aux tensions sociales croissantes. « Être médecin généraliste en 2025, c’est beaucoup plus que soigner : c’est observer le monde, le décoder, et tenter de réparer ce qui est réparable », écrit-elle. « Nous sommes surtout en colère. Une colère qui n’est pas une faille, mais une ressource. »

Elle dénonce les inégalités de santé, la précarisation des patients, la pénurie de soignants, les violences systémiques et la marchandisation du soin. « Nous voulons une médecine qui ait le temps. Une médecine qui assume d’être politique. »

Face à la tentation du repli

La Dre Anne Gillet s’inquiète de la « démission silencieuse » qui menace la profession. « Subir, ne plus investir, redouter les patients difficiles : c’est un réel danger pour nos démocraties face aux défis à venir. » Elle appelle à renforcer l’engagement syndical pour faire entendre la voix des médecins généralistes et « remédier aux causes structurelles de cet épuisement. »

Dans un second témoignage, elle insiste : « Le temps est notre premier outil. Ce temps d’écoute, de compréhension, de consentement, est aujourd’hui menacé par la pénurie et peu valorisé par les tarifs conventionnés. »

Appel à l’union des forces francophones

Le Dr Paul De Munck invite, lui, à un sursaut collectif. « Ce qui nous affaiblit dans le dialogue politique, c’est le manque d’effectifs pour représenter la médecine générale partout où il le faut. » Il salue les référentiels récents publiés par la Wonca et le Collège de médecine générale français, ainsi que le travail sur la responsabilité sociale en santé mené à l’UCL. Mais il regrette l’absence d’une coordination plus efficace des forces francophones. « La défense des valeurs qui nous réunit n’est jamais acquise », insiste-t-il.

Un métier aux multiples visages

Pour la Dre Pascaline d’Otreppe, la diversité des parcours des généralistes est une richesse à préserver. « Le visage du MG est multiple », souligne-t-elle, qu’il soit en solo, en maison médicale, au forfait, à l’ONE ou en prison. Elle insiste sur l’importance des collaborations interprofessionnelles pour assurer l’accessibilité aux soins dans un contexte de pénurie, et sur le rôle clé de la prévention.

Un métier d’amour et de science

Enfin, le Dr Pierre Drielsma rappelle que « le généraliste parle d’or » parce qu’il allie science et humanité. « Dans la médecine relationnelle, la science n’est pas devant, elle est derrière. Derrière l’Amour, l’empathie, la compassion. » Il compare la parole du généraliste à « une bombe atomique » thérapeutique : « C’est notre science qui convainc la rationalité du patient, mais c’est notre amour qui rassure sa peur. »

Un hommage et un avertissement

Le GBO/Cartel clôture cet hommage collectif en réaffirmant sa volonté de défendre, avec « force et détermination », le rôle central des généralistes. « Ce métier est une vocation qui exige adaptation, résilience et vision », conclut le Dr De Munck. Un appel à la reconnaissance, mais aussi à l’action collective pour que la médecine générale demeure ce « moment suspendu, compétent, respectueux, arraché à l’effervescence du monde. »

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