Selon une alerte du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), en Europe, le taux de vaccination contre la grippe des personnes à risques régresse et le nombre de doses de vaccins disponibles a baissé dans plus de la moitié des pays. La Belgique est également concernée.
Des exemples de vaccination par le pharmacien dans des pays européens ont montré que cette prise en charge officinale permettrait d’augmenter la couverture vaccinale.
En France
Après deux années d’expérimentation dans 4 régions de France, la vaccination contre la grippe saisonnière sera possible dans toutes les officines dès l’automne 2019.
Le feu vert à la généralisation de cette nouvelle activité a été donné le jeudi 25 avril par la parution au Journal officiel du décret et de trois arrêtés ministériels relatifs à la vaccination en officine.
Le pharmacien ne pourra vacciner que des personnes majeures, ciblées par les recommandations vaccinales en vigueur, exceptées les personnes qui présentent des antécédents de réactions allergiques sévères à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure. Dans le cadre d’un entretien prévaccinal, les personnes identifiées comme telles doivent être orientées vers leur médecin traitant.
La vaccination doit se faire dans un espace de confidentialité clos, accessible depuis l’espace clients, sans accès possible aux médicaments. L’entretien préalable à la vaccination y est mené. L’acte vaccinal doit être enregistré dans le carnet de vaccination ou, lorsqu’il en dispose, dans le dossier médical partagé du patient. Si le patient ne dispose pas de ce dossier, les informations sont transmises au médecin traitant, avec le consentement de la personne et dans le cadre du secret professionnel.
Selon le décret, les pharmaciens devront fournir une attestation de formation pour pouvoir vacciner. Cette formation doit se faire dans le cadre d’un programme enregistré auprès de l’agence nationale de développement professionnel continu (ANDPC). La formation, d’une durée de six heures, doit répondre à certains objectifs pédagogiques précisés: rappel sur les vaccinations, communication sur la vaccination et organisation en pharmacie, accueil des personnes et administration des vaccins, évaluation des compétences.
Au Portugal
Un projet pilote de vaccination en pharmacie ne requérant ni ordonnance, ni frais d’administration augmente la couverture vaccinale de près de 32%.
Les pharmaciens au Portugal fournissent des services de vaccination depuis 10 ans. Les patients avaient cependant besoin d’une ordonnance médicale et le vaccin n’était pas remboursé. Cependant, une nouvelle initiative, testée dans une zone située au Nord de Lisbonne, a étendu ces services pour permettre aux personnes de bénéficier plus facilement de la vaccination antigrippale dans leur pharmacie communautaire.
Le projet pilote s’est déroulé du 15 octobre au 31 décembre 2018 et offrait aux personnes âgées de 65 ans et plus un accès à la vaccination antigrippale dans les mêmes conditions que dans les unités de soins de santé primaires du Service national de la santé. Cette vaccination ne requiert ni ordonnance, ni frais d’administration.
Le projet était accompagné d’une campagne publicitaire comprenant des vidéos, des dépliants et de grandes affiches. Il était soutenu par un accord entre le ministère de la Santé, la Direction générale de la santé (DGS) et l’Association nationale des pharmacies du Portugal.
Les premiers résultats du projet pilote montrent une augmentation de 31,8% de la couverture vaccinale à Loures.
Et en Belgique ?
Le pharmacien-vaccinateur est un modèle que le président de l’APB qualifie d’extrême. «Avant ça, il y a toute une batterie d’interventions possibles à imaginer, en synergie avec les médecins, pour sensibiliser la population à risque à l’intérêt de la vaccination - en délivrant explications et folders, par exemple.» Et pas juste pour la grippe d’ailleurs: la recrudescence de la rougeole, par exemple, justifierait d’attirer plus l’attention du public.
Mais pour Alain Chaspierre, se faire vacciner en officine, est-ce envisageable, un jour, en Belgique? «Je n’en sais rien. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais je propose que MG et pharmaciens se mettent déjà à réfléchir, de façon posée et rationnelle, aux moyens de contribuer ensemble à une meilleure couverture vaccinale.» La convergence de leurs efforts pourrait renforcer la 1ère ligne, démontrer son efficience et sa place dans le système…
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