Le KCE recommande une approche multidisciplinaire pour la logopédie des enfants

Chez les enfants présentant un trouble du développement intellectuel ou un trouble du spectre de l'autisme (TSA), une approche multidisciplinaire en logopédie est préférable, indique mardi le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) dans un nouveau rapport. L'institution plaide pour un renforcement urgent de l'offre en centres multidisciplinaires, tout en préconisant une prolongation temporaire du remboursement de la logopédie monodisciplinaire.

Actuellement, les enfants souffrant de certains troubles du neurodéveloppement n’ont pas accès au remboursement des séances de logopédie dispensées par un praticien individuel, car les autorités fédérales estiment qu'un traitement en centre multidisciplinaire est mieux adapté. Une position qui suscite l’opposition des parents et des prestataires de soins, en raison notamment des délais d’attente importants et de la répartition inégale des centres sur le territoire, souligne le KCE.

Monodisciplinaire ou multidisciplinaire ?

La logopédie est proposée sous différentes formes en Belgique. Elle peut être dispensée de manière individuelle par un professionnel seul ou au sein d’une équipe multidisciplinaire comprenant médecins, psychologues, kinésithérapeutes, et autres spécialistes, comme dans les Centres de Réadaptation Ambulatoires (CRA). En milieu scolaire, l’accompagnement peut passer par les centres psycho-médico-sociaux (PMS) ou l’enseignement spécialisé.

La compétence de remboursement dépend du niveau de pouvoir : l’échelon fédéral intervient pour la logopédie individuelle, tandis que les entités fédérées financent les soins multidisciplinaires et les dispositifs scolaires.

Jusqu’à récemment, la logopédie monodisciplinaire n’était pas remboursée chez les enfants avec un quotient intellectuel (QI) inférieur à 86 ou souffrant d’un trouble mental comme le TSA ou le TDA/H (trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité). Depuis le 1er septembre 2024, le remboursement est étendu aux enfants avec un QI inférieur à 86, mais à partir du 1er juillet prochain, un CRA devra confirmer l’opportunité du traitement pour les enfants avec un QI inférieur ou égal à 70.

Une capacité à élargir d'urgence

Le KCE confirme que l’approche multidisciplinaire reste clairement préférable pour les enfants présentant un trouble du développement intellectuel ou un TSA. Toutefois, une logopédie monodisciplinaire pourrait être envisagée dans un nombre limité de cas, à condition qu'une évaluation multidisciplinaire préalable ait lieu. Les enfants avec un QI supérieur à 70 et ceux présentant un TDA/H devraient pouvoir bénéficier des deux types de logopédie en fonction de leurs besoins spécifiques.

Dans tous les cas, le KCE insiste sur l'importance de confier la prise en charge à des logopèdes formés spécifiquement à ces troubles, et à des équipes collaborant étroitement pour garantir des soins de qualité.

L'institution relève toutefois que la capacité actuelle en centres multidisciplinaires est insuffisante, en particulier dans les zones rurales et en Wallonie. Elle recommande de « développer une capacité accrue et mieux répartie » et envisage également de reconnaître « des équipes de soins composées de thérapeutes indépendants, pour autant qu’ils travaillent ensemble à la réalisation d’objectifs communs pour l’enfant ».

En milieu scolaire, l’offre doit être renforcée, et le recours aux téléconsultations pourrait aider à compenser le manque de structures dans les régions peu peuplées.

Une solution temporaire nécessaire

Dans l'attente d'une capacité suffisante, le KCE propose de « prolonger temporairement le remboursement de la logopédie monodisciplinaire » pour les enfants avec un QI inférieur ou égal à 70. Cette mesure ne devrait cependant « pas retarder davantage l’élargissement » de l’offre multidisciplinaire, insiste-t-il. Pour les enfants avec un TSA, une évaluation multidisciplinaire préalable reste dans tous les cas indispensable.

Vers un contrôle accru de la qualité

Enfin, le KCE souligne la nécessité d’un « contrôle structurel de la qualité » pour toutes les formes de logopédie. Il appelle à l’élaboration de critères de qualité basés sur des directives scientifiques solides, en concertation avec des experts du secteur.

> Lire une synthèse du rapport


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