PFAS : les généralistes sont laissés dans le flou

On a fait beaucoup de bruit au début de la crise des PFAS. Il fallait faire des prélèvements, informer la population... Et après ? Comment suit-on une personne dont les taux sanguins dépassent le seuil tolérable, que ce soit sur le plan clinique, biologique, psychologique ou financier ? La SSMG avait pris les devants et interpellé les pouvoirs publics. Mais devant l’absence de réponse à de nombreuses questions, les généralistes sont laissés dans le flou.

Depuis l'éclatement de l’affaire des PFAS, il y a eu beaucoup de promesses mais rien ne bouge vraiment. Les médecins étaient sans instructions devant ce problème qui leur apparaissait comme nouveau. Un biomonitoring a été réalisé et les résultats ont été présentés aux populations concernées. On a ainsi appris que 28 % des citoyens qui avaient participé accusent un taux de PFAS dans leur sang qui dépasse le seuil tolérable de 20 ng/l.

Une information tardive et fragmentée

Le Dr Sébastien Cleeren, de la cellule environnement, rappelle que la SSMG, via sa cellule environnement et sa cellule scientifique, avait mis les bouchées doubles pour envoyer rapidement des conseils aux médecins généralistes des zones atteintes. Elle avait même proposé de manière proactive aux autorités de diffuser un webinaire sur les PFAS dès novembre 2023. Ce webinaire n’a été repris par la Région wallonne que sept mois plus tard, en complément d'autres informations qui vantent un peu l’action des autorités.

L’ensemble est maintenant disponible sur YouTube et est accessible au grand public. C’est important car une bonne information permet à la fois un meilleur dialogue avec le médecin traitant, une bonne prévention et une prise de décision active du patient devant les mesures à prendre. 

Cette vidéo YouTube fait le « bilan » des premiers prélèvements dans les zones de Beloeil, de Chièvres et de Ronquières, en nombre de prélèvements mais pas en termes de résultats. Elle explique également les travaux des différents comités et organismes concernés. Les seuils d’intervention et les types d’intervention sont expliqués. La manière dont les résultats sont présentés (« documents de restitution ») est passée en revue.

Des recommandations sont proposées. Elles visent la limitation de l’exposition via l’alimentation et les eaux de boisson et des publics particuliers (femmes enceintes et allaitantes, nourrissons et jeunes enfants).

Quant au webinaire de la SSMG, il s’efforce de répondre aux questions envoyées dès le début de la crise par les médecins. Il dure près de deux heures, tant les questions sont nombreuses. Il fournit également les adresses de pages d’un site web, l’une permettant de répondre aux questions des patients, l’autre leur expliquant comment réduire leur exposition aux PFAS (fiches téléchargeables).

Une concertation insuffisante avec la première ligne

Mais lorsque les résultats du biomonitoring de Chièvres ont été présentés à la population, « nous avons regretté qu'il n'y ait pas eu de concertation avec la première ligne. » Le Dr John Pauluis, responsable de la cellule environnement de la SSMG, avait envoyé un courrier aux ministres de la Santé et à d’autres responsables politiques. Il s’y plaignait notamment que « Notre cellule sensibilise les professionnels de la santé depuis plus de 20 ans sur les perturbateurs endocriniens et apparaît donc comme une référence en matière de recommandations de santé environnementale. Nous déplorons le fait que ces problématiques ne soient prises au sérieux qu’en temps de crise, trop tard. »

Des questions en suspens

Malgré cela, dit Sébastien Cleeren, « de nombreuses questions restent sans réponse. Par exemple, quels sont les examens à demander dans le cadre de suivis spécifiques, en fonction de leur taux d’exposition ou de la présence de PFAS dans le lait maternel ? » Des questions persistent aussi sur le plan pécuniaire. La ministre avait expliqué que les examens complémentaires ne seraient pas remboursés parce qu’ils le sont déjà par la sécurité sociale. « Mais dans ce cas, quid du ticket modérateur ? », s’interroge-t-il. Rien n’est dit non plus sur le coût de la prise en charge des pathologies détectées. Et sur le plan de la santé mentale, comment gère-t-on l'angoisse générée par la crise ? « Devant cette absence de réponse, je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu beaucoup d'éléments nouveaux », conclut-il.

Une transparence nécessaire

Peu avant l’annonce des premiers résultats, le Dr Pauluis avait rencontré le nouveau ministre de la Santé, Philippe Coppieters, au sujet des PFAS. « Il s’était montré transparent et avait expliqué que les résultats, en raison d’un problème technique, étaient faussement bas », rapporte le Dr Pauluis.

Retour à la case départ…

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