Le syndicat belge des ophtalmologues SOOS tire la sonnette d’alarme, alors qu’il apparaît que l’INAMI souhaite restreindre le remboursement des injections intravitréennes aux seuls hôpitaux. Interrogé à la Chambre, le ministre Vandenbroucke rassure : les injections oculaires hors hôpital resteront remboursées.
Avant la crise sanitaire, les injections intravitréennes ne pouvaient être administrées qu’à l’hôpital. Mais en raison de la volonté d’assurer une accessibilité accrue des soins, cette règle avait été assouplie. Depuis, les médicaments pouvaient également être administrés dans un cabinet d’ophtalmologie extrahospitalier, à condition que celui-ci dispose d’une salle d’opération agréée. Les chiffres de 2023 montrent que 182 213 injections oculaires ont été effectuées à l’hôpital, contre 48 436 en cabinet privé. Le coût total pour l’INAMI s’élevait à plus de 21 millions d’euros.
La Commission de remboursement des médicaments (CRM) de l’INAMI propose aujourd’hui au ministre de la Santé Frank Vandenbroucke de revenir à la situation d’avant la crise du Covid. Cela signifie que les patients ne seraient plus remboursés que s’ils reçoivent l’injection à l’hôpital. Si la CRM obtient gain de cause, le médicament ne serait plus disponible qu’en pharmacie hospitalière, et non plus dans les pharmacies de ville.
Le syndicat belge des ophtalmologues SOOS s’oppose à cette proposition. « Ainsi, 4,5 millions d’euros retourneraient vers les hôpitaux, tandis que le patient est une fois de plus oublié. C’est une question purement financière », déclarent Herlinde Ebraert et Stefaan Van Nuffel dans Het Laatste Nieuws. Les pharmacies hospitalières et les hôpitaux auraient beaucoup gagné avec ce médicament, affirment-ils. « Mais depuis le Covid, leurs marges bénéficiaires ont diminué et ils veulent maintenant inverser la tendance pour que tout leur revienne. »
« Nous voulons que le choix reste au patient : dois-je me faire injecter par mon ophtalmologue ou à l’hôpital ? C’est également ainsi que cela se passe dans les pays voisins », poursuivent les deux ophtalmologues. SOOS a dénoncé la situation dans une lettre adressée au ministre Vandenbroucke, mais n’a pas obtenu de réponse. Une enquête commandée par le syndicat a montré que 88 % des patients actuellement soignés en dehors de l’hôpital souhaitent que cela reste possible.
La députée Kathleen Depoorter (N-VA) annonce sur X qu’elle va poser une question parlementaire à ce sujet. « L’accord de gouvernement souligne l’importance des soins de proximité pour chaque patient, et précise que la pratique extrahospitalière peut coexister avec l’hôpital. Il y est également mentionné que le principe doit être : ‘le médicament en pharmacie de ville lorsque c’est possible, en pharmacie hospitalière lorsque c’est nécessaire’. La proposition de l’INAMI va à l’encontre de tous ces engagements. »
Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, à qui Kathleen Depoorter (N-VA) a posé la question sur le dossier à la Chambre des représentants, s'écarte de cet avis, dit-il. "Nous constatons que des garanties suffisantes ont été intégrées (dans les cliniques ophtalmologiques, ndlr) pour que ces injections puissent être réalisées en toute sécurité et avec une qualité élevée en dehors de l'hôpital", a-t-on déclaré au Parlement.