Le Groupement belge des spécialistes (GBS) tiendra son assemblée annuelle ce samedi. L’occasion pour son président, le Dr Stan Politis, de faire un premier point sur son mandat, entamé il y a moins d’un an.
Malgré cette courte période, le Pr Politis a déjà engagé plusieurs réformes, notamment la modernisation du siège du GBS. L’ancien bâtiment a été entièrement vidé tout en préservant l’héritage de l’organisation : des archives remontant à 70 ans ont été numérisées, marquant une transition essentielle vers la digitalisation.
Cette modernisation s’est également traduite par la disparition progressive des supports papier dans la communication, générant des économies substantielles. Le président se félicite ainsi du retour du GBS à l’équilibre financier : après une perte d’environ 160 000 euros l’année précédente, l’organisation affiche cette année un bénéfice de près de 200 000 euros, même si ce chiffre ne reflète pas encore le résultat opérationnel.
Plus de services aux membres
« Nous avons massivement investi dans les services aux membres », souligne le Pr Politis. Le GBS a ainsi pris en charge la comptabilité des associations professionnelles affiliées et les accompagne dans la mise en place de la facturation électronique obligatoire à partir de l’année prochaine. Par ailleurs, le GBS collabore étroitement avec l’ABSyM et le Cartel sur divers dossiers de fond. « Grâce à l’ABSyM, nous avons accès aux réunions essentielles de plusieurs commissions clés, comme le groupe de pilotage de l’accréditation et le Conseil technique médical (CTM). »
Un agenda de réformes chargé
De nombreux dossiers restent prioritaires pour le GBS. En tête de liste, la question des suppléments d’honoraires, mais aussi la complexité des obligations administratives imposées aux médecins. « La transparence exigée par les autorités devient ingérable : pour chaque prestation, le médecin doit remplir une cascade de données. » Un exemple frappant : dans la chirurgie rachidienne, pas moins de 54 champs doivent être complétés pour attester un honoraire, alors que certaines informations ne sont jamais exploitées, ni par les neurochirurgiens, ni par l’INAMI.
Autre enjeu crucial : la réforme de la nomenclature. « Nous voulons absolument que cette refonte aboutisse, mais il ne doit pas s’agir d’une simple réévaluation horizontale qui entraînerait un transfert de fonds au seul bénéfice des hôpitaux. »
Un élargissement contesté de l’intervention majorée
Le GBS s’inquiète également de l’extension du statut de bénéficiaire de l’intervention majorée (BIM). « Certaines catégories de patients y ont pleinement droit, mais le fait qu’en 2025, pas moins de 2,7 millions de Belges en bénéficient est une aberration. »
Mieux structurer les spécialités
Le GBS suit de près la question de la valorisation des spécialités médicales dans un petit pays comme la Belgique. La multiplication des sous-spécialisations doit être mieux encadrée et structurée à travers des portefeuilles clairs. « Nous nous opposons à la prolifération des ‘titres 3’ », insiste le Pr Politis. « Si on évolue vers une douzaine de titres différents, cela deviendra ingérable. » La solution passe par une individualisation plus marquée, tout en ouvrant ces titres aux services hospitaliers dans une approche multidisciplinaire. « Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est trop centraliser, comme le préconise l’État. »
Selon le Dr Politis, le GBS doit renforcer l’intégration des organisations professionnelles et scientifiques, qui se complètent mutuellement. C’est pourquoi l’organisation propose une cotisation réduite aux associations qui s’engagent dans cette voie. Il plaide aussi pour davantage de visites d’évaluation et la mise en œuvre de guidelines, en particulier via des recommandations internationales pour certaines pathologies spécifiques.
Financement hospitalier et centralisation
Le président du GBS s’exprime également sur la centralisation des soins et le financement des hôpitaux. Il cite notamment la prise en charge des tumeurs de la tête et du cou, du sein, du pancréas et de l’œsophage. « Nous ne sommes pas opposés par principe à la centralisation, mais il faut éviter les excès. Ce type de regroupement a du sens pour la chirurgie, mais pas pour l’oncologie médicale, où les traitements ne sont pas spécifiques à un organe. Le gouvernement a une approche beaucoup trop simpliste sur ce sujet. »
Enfin, il s’inquiète du sort réservé aux pratiques extrahospitalières, trop souvent dépeintes comme une « médecine de luxe ». Ces structures n’ont accès ni aux forfaits, ni aux financements par journée d’hospitalisation, ce qui pousse encore davantage les soignants vers l’hôpital. « Cela accentue la pénurie d’infirmiers et oblige les hôpitaux à recourir à des intérimaires extrêmement coûteux. De plus, si on recentre toute la médecine dans les hôpitaux, il devient impossible de mener une politique de prévention efficace, qui se déroule forcément en dehors des murs hospitaliers. »
Ces questions seront largement débattues lors du symposium annuel du GBS, qui aura lieu ce samedi 1er février. L’événement sera placé sous le signe de la hausse des dépenses pharmaceutiques et de la survie du système actuel dans ce contexte.
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